dimanche 24 juillet 2011

Un silence inquiétant...et interéssé...


Le timide débat à propos du voyage médiatique de Yasmina Khadra au Bahreïn peine à prendre de la hauteur. Ici une réaction à un post d’Ahcène Aït Saïdi (sur Facebook), un Ami de longue date, journaliste et écrivain de talent :

 Mon cher ASA...tu sais très bien que lui (Yasmina Khadra) et ses prix ne m'intéressent pas du tout...il les a gagnés de haute lutte et c'est très bien pour lui...B'sahteh alf mara...je ne le jalouse pas comme certains et je suis convaincu qu'ils sont mérités largement (ses prix)...c'est l'évidence...ce qui me plait dans cette affaire c'est l'autre facette de YK et je trouve que c'est très bien qu'il fasse de l'humanitaire...je le lui ai dis dans un long mail...ce qui n'est pas normal c'est ce soutien inconditionnel à l'émir du Bahreïn...et là non plus je ne parle pas de la forme mais du fond...une balade aux confins du golfe persique pourquoi pas...un cadeau ou un prix que l'on reçoit...normal...la générosité Arabe étant mise à l’épreuve…mais sans aucune contrepartie...c'est là où commence la mission de l'intellectuel...y a aucune raison qu'à longueur d'années je pourfende BHL, Finkielkraut...JP Lledo...Sadi...Sifaoui…Addi Lahouari…et tant d'autres et lorsqu'il s'agit d'un autochtone, on se la joue binatna...c'est là où j'admire ce qu'a fait Kamel Daoud...il a remis en cause son amitié et son « tribalisme » ( Kamel en est totalement dépourvu, mais sait-on jamais on peut penser pour lui) pour dénoncer un acte contre nature...même si le prince du moment est le plus démocrate de l'univers, un intellectuel ne doit pas lui signer aucun Cheikh en blanc....vois-tu cher ASA, lorsque Bouteflika lui (YK) a confié le CCA, j'étais l'un des rares à m'être exprimé pour dire qu'il a bien fait d'accepter et qu'il fallait qu'il démontre qu'il n'a pas été récupéré...par le système...j'attends tjrs la réponse par les actes...moi à priori je me suis dis que Mohamed Khadra était suffisamment un électron libre qu'il finirait par se rendre à l'évidence...wait and see...mais ça dure...c'est à lui d'en tirer les conséquences...mais ça n'enlève rien à l'écrivain...l'intellectuel est par contre bien embarrassé...les mails que nous avons échangés et que je me destine à rendre publics lorsque les choses seront décantées...en sont une preuve éclatante...franchement si tu crois qu'en parlant de cette affaire émiratie nous lui faisons de la pub c'est que nous n'avons pas la même conception de la pub...
Dans le fond...il y a 2 attitudes pour expliquer ce silence des intellectuels algériens:
-1- certains cherchent tout simplement à caresser dans le sens du poil, espérant un retour de l'ascenseur de la part de YK...le Parisien du CCA...
-2- d'autres trouvent ça très bien que deux des plus talentueux écrivains algériens du moment s'étripent...ils attendent les dividendes...surtout que les deux romanciers sont des algériens de l'Oranie...j'imagine que le tribalisme incestueux régnant y trouve matière à jouissance....
 Moi je cherche seulement à retrouver YK et KD dans leurs rôles respectifs d'intellectuels et de romanciers...Kamel Daoud a eut le courage de dire les dérives de son ami...excusez du peu...mais moi ça me rassure sur l'avenir du pays...tous les deux ne me doivent strictement rien dans l'épanouissement de leurs carrières respectives...Moi je me suis fais traité de tous les noms d'oiseaux par Yasmina Khadra...ça ne m'a pas empêché de lui dire ce que je pensais de cette affaire....comme je ne concoure ni au Goncourt ni au CCA...je suis quitte avec tous le monde...surtout avec ma conscience...Un  ami commun -  bien tapis derrière ses convictions et une rangée de ceps- en sait quelque chose puisque je lui ai longuement parlé au téléphone...je te rassure nous nous sommes quittés bons copains mais inconciliables...pour un temps...lui a encore les pieds dans la tribu...moi ça fait 56 ans que je m'en suis affranchi...
PS: tu ne trouves pas curieux que les papiers de YK soient publiés dans Liberté et l'Expression, voire dans l'Authentique????
Boussayar

mercredi 20 juillet 2011

Le MaMa dans la baignoire


 Une franche polémique entre un architecte et un maitre nageur...sous l'œil narquois de Mustafa Benfodil...un polémiste qui n'a pas tout dit...

Dans El Watan du 16 et du 20 juillet 2011

 L’architecte du musée dénonce

«Le vrai Mama n’a jamais été livré !»

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Erigé sur la carcasse des anciennes Galeries de France, le Musée d’art moderne (MaMa) présenterait, selon son concepteur, plusieurs anomalies dues au fait que la bâtisse devait être fermée après l’Année arabe afin de permettre au maître d’œuvre d’aller au bout du chantier, ce qui n’a pas été fait.
25, rue Larbi Ben M’hidi, Alger. Un imposant bâtiment blanc, aux immenses baies vitrées, trône à cette adresse. C’est le MaMa : le Musée d’art moderne et contemporain d’Alger, clin d’œil assumé au MoMa de New York.
Alentour, le quartier vaque à sa fièvre marchande quotidienne. Petit tour à l’intérieur du musée. Un vent frais nous happe d’entrée, ce qui n’est pas pour nous déplaire par cette chaleur caniculaire. A l’affiche : une expo collective regroupant six artistes peintres algériens. Aux effluves revigorants de la clim’ s’ajoute la brise de fraîcheur artistique dont nous gratifient nos six créatifs et qui nous fouette gaiement l’esprit. Quelques visiteurs solitaires arpentent les allées du bâtiment avec nonchalance. Deux vieilles dames s’extasient devant les œuvres en égrenant des souvenirs encore vivaces pendant qu’un flâneur s’attarde sur la bâtisse elle-même, ses arabesques, sa lumière, ses trois voûtes somptueuses surplombant l’atrium. Sans oublier sa blancheur omniprésente qui s’explique par l’effet «white box» voulu par l’architecte. De fait, l’édifice se laisse admirer au même titre que les œuvres. «La première chose que l’on voit dans un musée, c’est… le musée», professe Halim Faïdi, l’architecte concepteur du MaMa. Et c’est d’autant plus valable pour cet espace d’art qui a la particularité d’être le produit d’une réécriture architecturale sur un ancien bâtiment, à savoir «Les Galeries de France» signées Henri Petit. La bâtisse, qui remonte à 1909-1910, s’inscrit dans le courant «néo-mauresque» qui a vu fleurir d’autres ouvrages du même style à l’instar de la Grande-Poste et de la wilaya d’Alger.

L’Année arabe et ses «délais politiques»

Si ce joyau architectural a tout pour séduire, il n’est pas vraiment ce fabuleux écrin de lumière qui ferait la fierté d’Alger, déplore Halim Faïdi. L’architecte en chef du projet est formel : le MaMa tel qu’il se présente aujourd’hui n’est qu’un «décor». Autant dire : une maquette grandeur nature. «Le vrai MaMa n’a jamais été livré. Ce que nous avons là n’est qu’une grande et belle galerie publique. Cela ne répond ni aux normes ni aux fonctions du musée tel que le marché l’a prévu», assène-t-il.
Petit rappel des faits : en 2005, un appel d’offres est lancé par le ministère de la Culture avec pour objet «l’aménagement des anciennes Galeries algériennes en musée d’art moderne et contemporain». Un concours national d’architecture est ouvert dans la foulée, et c’est le cabinet de Halim Faïdi qui remporte le marché. Selon les termes du contrat, le MaMa est censé être livré en avril 2009. Dans l’intervalle, un agenda politique majeur vient interférer dans le travail de l’architecte et de son équipe : c’est l’événement «Alger capitale de la culture arabe». Le maître d’œuvre est dès lors prié de boucler le projet dans des «délais politiques». Il fallait qu’Alger «leur en mette plein la vue», à ses hôtes de marque du monde arabe, et le MaMa était la cerise sur le gâteau, la pièce maîtresse de cette opération de charme. «Le MaMa devait être livré au complet, avec ses 13 500 m2, en avril 2009. Nous avons engagé notre contrat et puis le ministère l’a suspendu par un ordre de service pour réaliser une galerie, soit une préfiguration de ce que deviendrait le MaMa, ceci avec des arguments très politiques auxquels nous ne pouvions qu’adhérer, en nous assurant que, passé l’événement, les aménagements définitifs seront entrepris», explique Halim Faïdi. Première mauvaise surprise : l’état désastreux du bâtiment. Et pour cause : l’ancien centre commercial est resté fermé vingt ans durant dans la foulée de la liquidation des Souks El Fellah et autres grandes surfaces de l’Etat. «Très rapidement, en diagnostiquant le bâtiment, nous nous sommes rendus compte qu’il était très vétuste et nécessitait d’abord une remise aux normes avant d’être aménagé. Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que la transformation est réussie. Mais ce qu’on a réalisé jusqu’à présent est une parfaite illusion, un trompe-l’oeil. Certes, le trompe-l’oeil est un art, mais ça reste un art mineur», glisse l’architecte.

«Six mois et on ferme»

Le 1er décembre 2007, Khalida Toumi inaugure le MaMa devant un aréopage d’ambassadeurs arabes et de «people» du gratin culturel algérois. Pari tenu. L’opération est un succès complet. Pour Madame la ministre, il ne fait aucun doute que le MaMa est le «clou» de l’année arabe. Voilà qui fait du bien à «l’ego national». S’ensuivront des expos en série qui donnent très vite au lieu sa chair, son âme, ses rituels. Le MaMa s’installe dans le paysage culturel. Il vit. Il s’enracine dans le quartier, au point de faire oublier aux nostalgiques les plus inconsolables le bâtiment néo-mauresque qui prêta son corps au musée comme dans une «métempsychose architecturale».  Aux dires de l’ancien maître d’œuvre, «un accord  a été passé avec le maître d’ouvrage en vertu duquel, au bout de six mois, on ferme et on engage les travaux à partir de zéro ou de zéro + 1, mais cet accord n’a pas été respecté». Il est aisé de comprendre que le tournant dans cette affaire aura été cette «Année arabe». Celle-ci trahit manifestement une certaine propension dans le management institutionnel à privilégier l’événementiel au détriment des actions pérennes. «Il faut avoir à l’esprit que ce musée existe par décret. Cela veut dire que le MaMa n’a rien à voir avec Alger capitale de la culture arabe», insiste Faïdi.

Concrètement, que manque-t-il aujourd’hui au MaMa pour s’ériger en musée à part entière ? Sur plan, il est censé disposer au premier chef d’aires de stockage des œuvres «aussi clean qu’un bloc opératoire», préconise l’architecte. «Un musée, c’est d’abord un fonds. Une collection propre. Il y faut donc des réserves. Ensuite, un musée se juge à sa capacité à entretenir ce fonds, ce qui suppose des ateliers de restauration.» Au surplus, l’étude prévoit un auditorium, un atelier pour enfants, une librairie, une cafétéria en bas, et un restaurant panoramique sur le toit, avec vue imprenable sur la baie d’Alger. «Or, six ans plus tard, rien de tout cela n’a été fait. Si on avait fermé en juin 2008 comme prévu, eh bien depuis un an, on aurait eu un vrai musée, au complet», regrette notre interlocuteur. Et de faire remarquer : «Un musée n’est pas qu’un espace d’exposition. C’est avant tout un espace de performance. Si on avait réalisé l’atelier pour enfants, on aurait pu engager un vrai travail avec les écoles. Si on avait eu l’auditorium, nous aurions eu droit à des débats extraordinaires. Le restaurant panoramique aurait drainé mille fois plus de monde, et nous aurions créé une place haute dans Alger et quelque 80 emplois permanents pour l’ensemble du complexe.»
Il est vrai que le MaMa était la meilleure carte de visite de Khalida Toumi durant «l’Année arabe». Mais si la ministre de la Culture tenait coûte que coûte à ouvrir une partie du MaMa pour impressionner les hôtes d’Alger 2007, il faut savoir qu’au-delà de cette opération marketing se profilait un message à usage interne en vue d’obtenir une enveloppe plus substantielle pour la suite des travaux.

«Un budget fixé au pifomètre»

Comme le révèle Faïdi, «le budget initialement débloqué était de 350 millions de dinars seulement, un budget fixé au pifomètre, sans aucune expertise préalable». Un budget d’autant plus dérisoire que l’ouvrage dont il est question n’est rien de moins que le premier musée d’art moderne et contemporain de l’histoire de l’Algérie et, se vante-t-on, le premier du genre du monde arabe.
«Rapportez ce budget aux
13 500 m² de l’ouvrage et ça vous donne
26 000 DA/m². Or, il faudrait au minimum 120 à 130 000 DA par mètre carré pour faire un musée en réhabilitation de la partie existante», assure l’architecte.  En dépit des relations difficiles qu’entretiennent aujourd’hui le maître de l’ouvrage et l’ancien maître d’œuvre, ce dernier refuse de céder au fatalisme et souhaite un règlement à l’amiable de ce contentieux. «Je demande simplement qu’on me régularise et je reprendrai le projet», dit-il. La régularisation évoquée ici concerne  l’opération «études et suivi de la préfiguration du musée». «Cela nous a coûté tout de même la bagatelle de 56 millions de dinars», soutient Faïdi, documents comptables à l’appui. «Je ne cherche ni le scandale ni la polémique. Si j’ai choisi de parler aujourd’hui, c’est parce que nous sommes dans une période de réformes à laquelle je veux croire et j’ai envie de donner une occasion publique pour qu’on corrige le tir», plaide-t-il. Une disponibilité qui ne semble pas trouver écho dans l’entourage de Khalida Toumi : «Au ministère, on semble  dire : ‘‘Tout sauf Faïdi !’’ C’est quand même bizarre ! De l’aveu même de Madame la ministre, s’il n’y avait qu’un mot à retenir d’Alger, capitale de la culture arabe, ça serait ‘‘MaMa’’. Drôle de récompense !» Même s’il se dit «black-listé», Halim Faïdi réclame plus que jamais la paternité du MaMa.  «Ce musée, c’est quand même mon bébé. Ça, personne ne peut me l’enlever, et un père n’abandonne jamais son enfant !», martèle-t-il un brin ému.     
Mustapha Benfodil


Vos réactions 4
handassa   le 16.07.11 | 23h42
irreversibilité
c'est dommage que la restauration d'un tel monument n'a pas bénéficié de spécialiste en la matière, on aurait réuni des études spécialisées pour différents matériaux existants et confier les diagnostics ... la suite
c'est dommage que la restauration d'un tel monument n'a pas bénéficié de spécialiste en la matière, on aurait réuni des études spécialisées pour différents matériaux existants et confier les diagnostics nécessaires de la je suis sur que le bois n'aurait jamais été peint en blanc d'abord solution irréversible et puis le processus de dégradation a été accéléré, il en de même pour le reste des matériaux et solutions sachant que le projet a coûté 70MDA (soit sept 07milliards de centimes) de prestation de l'architecte ou sont les spécialistes?

averroès   le 16.07.11 | 20h57
Il reste la foret
Cher Mustafa, tu as seulement effleuré le premier arbre....il te reste la foret à explorer...tu auras besoin d'un GPS et de bcp de sang froid pour venir à bout de cette jungle et Djahiche n'est que le ... la suite
Cher Mustafa, tu as seulement effleuré le premier arbre....il te reste la foret à explorer...tu auras besoin d'un GPS et de bcp de sang froid pour venir à bout de cette jungle et Djahiche n'est que le petit de l'âne...hachakoum...

Zeminfin   le 16.07.11 | 17h17
Y a t-il une politique culturelle?
Un quelque espoir eut été permis si, avant la réalisation du Mama, les musées d'Alger déjà existants avaient été soigneusement entretenus et visités régulièrement par nos écoliers. Mais ces musées-là là ... la suite
Un quelque espoir eut été permis si, avant la réalisation du Mama, les musées d'Alger déjà existants avaient été soigneusement entretenus et visités régulièrement par nos écoliers. Mais ces musées-là là n’étaient pas prévus dans le programme de visite officielle …….Une preuve de plus qu'on ne sait toujours pas, après un demi-siècle, concilier les impératifs d’ordre politique avec les intérêts des citoyens qu’on est censé servir. On peut aussi comprendre toute la frustration de ce jeune architecte qui s'est déjà illustré par son sérieux, son courage, sa compétence et son honnêteté intellectuelle à l’occasion du débat sur le projet de grande Mosquée d’Alger. Espérons vivement qu’un changement surviendra et qu'il sera entendu !

Wabnitz Oscar   le 16.07.11 | 12h01
Des incultes !
L'art est en déperdition depuis des lustres cher monsieur l'architecte ! votre métier /passion ne s'accorde pas à ces énergumènes qui mènent ce pays aux ténèbres. L'Algérien responsable ( ou non) aime à ... la suite
L'art est en déperdition depuis des lustres cher monsieur l'architecte ! votre métier /passion ne s'accorde pas à ces énergumènes qui mènent ce pays aux ténèbres. L'Algérien responsable ( ou non) aime à faire comme le voisin mais sans la culture et les moyens intelectuels et financiers qui en découlent... Si vous êtes encore jeune, allez-y, un jour ou l'autre ils partiront, il faudra alors faire savoir aux batisseurs que la voie est libre et qu'ils peuvent entreprendre pour l'éternité et non pas pour frimer avec l'année de la culture des incultes!

A propos de l’article sur le MaMa

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le 20.07.11 | 01h00 Réagissez

 


Suite à votre enquête publiée le 16 juillet concernant la gestion du projet du MaMa, j’apporte des précisions en guise de droit de réponse : le marché a été conclu avec le ministère et non avec le MaMa qui n’existait pas à l’époque. Assurément,  M. Djehiche, le directeur du MaMa, ne connaît pas le dossier. Il a déclaré : «Quand un architecte travaille sur un projet, le propriétaire reste le maître de l’ouvrage qui est en droit d’intervenir sur le bâtiment chaque fois qu’il l’estime nécessaire.» Il n’y a rien à estimer. Les lois de la République consacrent en matière de construction publique donc de dépense publique un triptyque très clair : le maître de l’ouvrage (MO), responsable de l’opportunité de la dépense et de l’exécution du marché conformément aux prescriptions de l’architecte.
Le maître d’œuvre, responsable de l’aspect technique et du parti architectural (validés par le MO). Enfin, l’entreprise, responsable de l’exécution des travaux conformément aux prescriptions de l’architecte. Les limites de compétence et de responsabilité entre ces trois intervenants sont étanches. Toute contrevenance à cette règle met en péril la traçabilité de la décision et crée une rupture de la chaîne de responsabilités. M. Djehiche déclare : «Si je prends en considération les griefs de Faïdi, dans ce cas-là, si je l’avais engagé pour construire une maison, je ne pourrais pas toucher à ma salle de bains sans demander son autorisation.» Rappel : les travaux ont été exécutés conformément à des prescriptions validées par les services compétents du ministère. Nul n’a le droit d’en changer la nature sans se soumettre aux procédures réglementaires. Il n’appartient donc pas à M. Djehiche de juger de la pertinence d’un ouvrage ni de modifier de son propre chef telle ou telle disposition exécutée et payée. Confusion dangereuse : nous ne parlons donc pas de la salle de bains de M. Djehiche, mais de gestion de deniers publics. Par ailleurs, M. Seray, directeur central et signataire du marché, a déclaré : «Pourquoi Faïdi crache-t-il dans la soupe?» Je suis indigné par la vulgarité du propos en rapport à sa fonction.
Dois-je lui reconnaître une quelconque faveur ? Ou dois-je lui rappeler que le ministère a procédé sous son sceau au règlement de situations de travaux d’entreprises alors que pendant toute la durée du chantier, la relation contractuelle avec l’architecte était suspendue par un ordre de service d’arrêt dûment signé par ses soins ? Voyez-vous Monsieur le directeur, pendant que vous avez suspendu mon contrat, j’étais en train de réaliser une «galerie provisoire» en lieu et place du musée. Alors, galerie ou musée ? Avec ou sans architecte ? Il reste à résoudre cette question à l’amiable en régularisant le contrat de la galerie puis en exécutant le contrat du musée. Enfin, Monsieur le directeur central, puisque nous sommes dans l’«art moderne», je déplore qu’à votre niveau de responsabilité vous confondiez marchés publics et soupe populaire. CQFD.

Halim Faïdi – architecte

Khadra aime les mirages


 De ses origines sahariennes, Yasmina Khadra a gardé le gout des grands espaces...sans doute à l'étroit sur le minuscule émirat du Bahreïn, il a pêché comme un vulgaire touriste japonais en se laissant prendre aux mirages...c'est au moins la preuve que l'exil parisien l'a radicalement transformé...

Sous la plume de Yassine Temlali, El Watan publie une Chronique sur le récent voyage de Yasmina Khadra au royaume du Bahréïn...ça vaut le détour...Boussayar vous en dira plus....

Yasmina Khadra chez les Al Khalifa, rois de «Dilmun»

Taille du texte normaleAgrandir la taille du texteEl Watan du 20.07.11

Il n’y a pour chanter les louanges de la monarchie bahreïnie que ses «intellectuels organiques» et…Yasmina Khadra pour qui, visiblement, l’anticonformisme, c’est revendiquer haut et fort le conservatisme le plus rétrograde, le monarchisme. Après avoir encensé l’indulgent roi Hamad Ben Issa Al Khalifa dans Liberté  (26 juin 2011), il a fait paraître pour sa défense dans L’Expression (12 juillet 2011) un authentique publi-reportage intitulé «Ce que le mirage doit à l’oasis».
Cette sidérante plaidoirie s’ouvre sur une phrase qui, au souvenir des violents troubles qu’a connus le Bahreïn en février-mars 2011, paraît franchement incongrue : «Aucun pays (…) ne pourrait se targuer de proposer un cadre de vie meilleur que celui de Bahreïn. Ici, vous êtes adopté à l’instant où vous débarquez»… Et tué à l’instant où vous exercez votre droit de manifester, aurait-il dû
ajouter ! S’est-il demandé si dans «ce cadre de vie» paradisiaque il y a de la place pour les victimes du printemps bahreïni, morts, blessés et autres condamnés à mort ? Après cette assertion pour le moins audacieuse, Yasmina Khadra se fend d’une tirade exaltée, sur les lointaines origines de Bahreïn, censée nous persuader que ce pays n’est pas le produit d’un morcellement colonial caricatural, mais la réincarnation moderne d’un royaume de la Haute-Antiquité. Il nous rappelle que son nom ancien était «Dilmun», «le pays des immortels», et que «les Phéniciens et d’autres civilisations plus anciennes y avaient érigé des empires, où le génie humain taquinait déjà celui de l’Olympe».
Il a parfaitement le droit de faire du régime bahreïni l’héritier de tous les trônes antiques, mais espérait-il réellement nous convaincre que des empires entiers ont été érigés sur 700 km2, superficie totale de ce paradis insulaire ? Pour mieux noyer le caractère répressif de la monarchie bahreïnie dans la mer de ses gloires antédiluviennes, l’auteur fait feu de tout bois, même de légendes et d’histoire mythologique : «Tandis que je visitais le Musée national, magnifique de conception et de pédagogie, j’avais le sentiment de revenir des milliers d’années en arrière tant le fantôme de Gilgamesh, mi-roi mi-déité, y officie dans chaque recoin.» Et de s’étendre sur les aventures de ce personnage épique pour nous suggérer probablement que Hamad Ben Issa Al Khalifa est son preux descendant et qu’il est l’inoffensif roi de «Dilmun» et non un souverain impitoyable, qui a ordonné de tirer sur des manifestants pacifiques.

Découvertes sensationnelles ou lapalissades ?

Pourquoi Yasmina Khadra s’est-il rendu à Bahreïn ? Pour s’assurer, dit-il, que les éloges dont il avait comblé le régime bahreïni dans Liberté, et qui lui avaient valu de nombreuses critiques, étaient justifiés : «(…) Le roi que tout le monde louait se serait-il mu en tyran à mon insu ? Pour le savoir, j’ai parcouru le Bahreïn d’un bout à l’autre, sans répit, malgré la fournaise implacable, pour aboutir à ce
constat : je n’ai pas à regretter le moindre mot.» Libre à lui de s’aveugler sur son propre aveuglement, mais son reportage, tant s’en faut, n’est pas le fruit d’un pénible travail d’investigation. Serait-il si ardu de parcourir «d’un bout à l’autre» un Etat de 27 km sur 27 ? De son périple sur les traces de Gilgamesh,
Yasmina Khadra ne nous livre malheureusement que des lapalissades, qu’il est seul à prendre pour des découvertes sensationnelles : «Contrairement aux autres pays de la région, où vous n’avez droit ni à la naturalisation ni à la propriété, à Bahreïn les deux tiers de la population sont d’origine étrangère.» Ce donneur de leçons de vigilance et de lucidité s’est-il demandé si cette sollicitude pour les immigrants ne visait pas simplement à bouleverser le rapport de force interconfessionnel en faveur de la minorité sunnite, dont sont issus les Al Khalifa ? Et comment explique-t-il que les monarchies voisines, conservatrices voire rétrogrades, aient volé au secours d’une monarchie aussi «libérale» ? Le Bahreïn a beau être cet eden où les femmes «s’attablent sur les terrasses de café sans être importunées», il est le quasi-protectorat d’un Etat où elles n’ont pas le droit de conduire.
Débordant d’admiration pour le «cadre de vie à Bahreïn», notre publi-reporter s’exclame : «Pas d’impôts, médecine gratuite, investissement libre, ouvert à tous, y compris aux non-résidents, bourses d’études accordées aux meilleurs étudiants sans distinction de race ou de couleur, assistance sociale, aide à la création d’entreprises, aide à la construction, subventions, liberté de croyance, liberté vestimentaire, on est aux antipodes des clichés et des a priori.» Le problème n’est pas tant cette énumération détaillée des avantages sociaux dont bénéficie la population bahreïnie, que l’objectif qu’elle sert, à savoir la propagation d’une thèse apolitique, moralisante, selon laquelle c’est l’ingratitude des chiites envers leur monarque bienfaiteur qui est la cause des troubles de février-mars 2011. «C’est peut-être là que réside la vulnérabilité de cet Etat : dans son immense générosité et l’indulgence de son roi que certains prennent pour du laxisme», écrit-il. Après ce long message publicitaire, Yasmina Khadra témoigne de ce qu’il a vu à Bahreïn : «La cité paraît tranquille. Les autoroutes sont animées jusque tard dans la nuit et les gens, débonnaires et prévenants, vaquent à leurs occupations.» Il ajoute : «On ne comprend pas ce qui s’est passé. (…) Bien sûr, de temps à autre, des incidents mineurs étaient déclenchés par des chiites (qui constituent la majorité de la population), mais de là à soupçonner une telle tragédie, cela dépasse l’entendement. Les sunnites en sont encore abasourdis.» Et de donner la parole à ces «sunnites»
indéterminés : «Les chiites sont les plus riches du pays, les mieux logés et souvent les mieux servis par le roi lui-même.»
Pourquoi se sont-ils donc soulevés ? La réponse se veut géopolitique : «Des fanatiques obscurs ont cherché à renverser un roi trop clément qui leur a tout donné. Ici, on parle ouvertement d’hégémonie iranienne qui profite de la chute de Baghdad pour faire main basse sur la région.» L’Iran tente de s’imposer comme force régionale au Proche-Orient, c’est un fait, mais il n’a de base militaire dans aucun Etat du Conseil de coopération du Golfe. Qu’en est-il des soldats américains déployés sur le territoire du royaume et des navires US qui patrouillent dans ses eaux territoriales ?

Ayat Al Qarmezi : le détournement d’un symbole

L’insistance de Yasmina Khadra sur la dimension confessionnelle des contestations bahreïnies n’a de but que celui d’effacer leurs dimensions démocratiques (rejet de la monarchie absolue, etc.) et sociales (refus des inégalités). S’il fait confiance aux ONG pour le décompte des victimes des affrontements entre la police et les manifestants, pourquoi ne leur fait-il pas confiance lorsqu’elles mettent en évidence les racines socio-économiques et politiques de la crise que traverse le Bahreïn, ou dénoncent les terribles représailles contre les chiites (licenciements punitifs, etc.) ? Généreuses mais aussi transparentes, les autorités bahreïnies ont permis à Yasmina Khadra de rencontrer la poétesse Ayat Al Qarmezi, condamnée à un an d’emprisonnement «pour avoir pris part à des manifestations illégales, porté atteinte à la sécurité publique et incité à la haine envers le régime».
Et quelle ne fut grande sa surprise en découvrant que son lieu de détention «n’a rien à voir avec les prisons traditionnelles» et qu’il «ressemble à un établissement administratif ordinaire». Quant à la jeune prisonnière, il n’y avait «sur son visage gracieux (…) aucune trace de sévices anciens ou récents.
Et sa bouche, que l’on disait avoir été cousue aux agrafes, est aussi fraîche que les pétales d’une rose» ! Au lieu d’érotiser aussi lourdement l’image d’une détenue politique, n’aurait-il pas dû se scandaliser de ce que, dans ce royaume si démocratique, le seul endroit où il pouvait s’entretenir avec elle était une prison (n’eût-elle «rien à voir avec les prisons traditionnelles») ? Yasmina Khadra était l’otage de ses hôtes, mais contrairement à un reporter vigilant, cela ne le fait pas douter de l’objectivité de ses observations. Hormis une poétesse emprisonnée, il n’a pas rencontré un(e) seul(e) opposante(e). Et même lorsqu’il a visité les hôpitaux «où sont soignés les grands blessés du soulèvement», il n’a donné la parole qu’à «un blessé sunnite» débordant de patriotisme, qui lui a assuré que «si (sa) blessure est le prix à payer pour que le Bahreïn redevienne la belle patrie d’hier, eh bien, (il est) fier d’être sur ce lit» ! Il n’a même pas pu visiter la place de la Perle, fermée «par les autorités comme pour effacer les séquelles d’un choc émotionnel insoutenable». «Choc émotionnel» ? Peut-être euphémise-t-il ainsi le massacre de manifestants pacifiques, faute de pouvoir le qualifier de mensonge propagé sur ce «gigantesque dépotoir» qu’est, pour lui, l’Internet.

Ce n’est là qu’un résumé de la plaidoirie de Yasmina Khadra en faveur de la famille régnante à Bahreïn, entrecoupée d’appels aux Algériens à ne pas céder aux sirènes de l’anarchie et de dénonciations véhémentes de la partialité des médias internationaux. Nous aurions partagé son point de vue sur cette partialité si dans son reportage, pour employer ses propres mots, l’information n’était pas «poignardée par l’opinion, exécutée par l’impératif éditorial». «Je ne suis pas allé à Bahreïn pour recevoir un prix, ni pour encenser un bienfaiteur», écrit-il. Son article est, pourtant, un parfait autodémenti, sans parler de la photo qui l’illustre et qui le montre en compagnie de la ministre de la Culture bahreïnie, May bint Mohamed Al Khalifa, dont il était l’invité, selon les journaux locaux. Et bien qu’il fût occupé à parcourir le pays «d’un bout à l’autre, sans répit», il a eu suffisamment de temps pour recevoir de ses mains le Prix de la création littéraire et lui promettre de «transmettre au monde occidental l’image réelle (du royaume), ternie par les médias». A chacun sa quête à
«Dilmun» : Gilgamesh y recherchait la fleur de l’éternité, Yasmina Khadra une éphémère distinction officielle.        
Yassin Temlali
Pour être complet voici le papier de Yasmina Khadra publié dans L'expression...Boussayar n'en a retenu pour le moment que les fauteuils en cuir du parloir....c'est ça un Emir attentif...dommages qu'on en apprenne rien sur le confort 5 étoiles des prisons Bahréïnies...Notre Romancier n'a pas osé aller voir le luxe ostentatoire de la prison....estimant que le parloir suffisait à son extase...quand je vous dis que Yasmina Khadra devrait se payer un Monsieur Com ...ou une Miss Com...



Mardi 12 juillet à 8:59

BAHREIN: Ce que le mirage doit à loasis
Aucun pays, à ma connaissance, ne pourrait se targuer de proposer un cadre de vie meilleur que celui de Bahreïn. Ici, vous êtes adopté à l’instant où vous débarquez. Avant Tylos la Grecque, le Bahreïn s’appelait Delmun, «le pays des Immortels». Les Phéniciens et d’autres civilisations plus anciennes y avaient érigé des empires où le génie humain taquinait déjà celui de l’Olympe. Aujourd’hui encore, le sol dévoile des sites archéologiques qui remontent à l’aube de l’humanité. Par endroits, parmi les vestiges millénaires d’une rare éloquence, des tombeaux à ciel ouvert boursouflent des aires entières, semblables à des ecchymoses fossilisées refermées tels des poings sur leurs secrets.
Tandis que je visitais le Musée national, magnifique de conception et de pédagogie, j’avais le sentiment de revenir des milliers d’années en arrière tant le fantôme de Gilgamesh, mi-roi mi-déité, y officie dans chaque recoin. Gilgamesh avait sévi comme aucun souverain avant lui. Sa cruauté effarouchait jusqu’aux dieux eux-mêmes qui, excédés par ses brutalités, durent charger le plus vaillant de leurs titans de le tuer. Le duel fut interminable, et ni le monarque honni ni le guerrier miraculeux n’en sont sortis vainqueurs. Pis, les deux antagonistes fraternisèrent, et leur amitié cosmique éveilla le souverain maudit à l’empathie, et son règne se tempéra. Lorsque le guerrier mourut, Gilgamesh connut le plus effroyable des chagrins; rien autour de lui ne parut valoir le détour. Devant son affliction grandissante, les sages invitèrent le roi éploré à se rendre à Delmun où une fleur aux vertus uniques reposait au fond de la mer: la fleur de l’Eternité. Elle rendrait immortel celui qui la cueillerait. Gilgamesh, qui ambitionnait d’accéder au rang des divinités afin de ne plus avoir à subir les affres du deuil et du malheur, plongea au fond des eaux jusqu’aux abysses et réussit à en ramener la plante fabuleuse. Mais ses efforts de plongeur suicidaire l’épuisèrent. En atteignant le rivage, il s’endormit sur la plage, et pendant son sommeil, un serpent surgit des sables et goba la fleur de l’Eternité, privant ainsi le souverain d’une longévité infinie… Etrange parabole qui aura survécu à l’érosion des âges et aux mémoires oublieuses!… J’ai beaucoup pensé à Gilgamesh durant mon séjour à Bahreïn. Sauf que je ne suis pas venu au Delmun en quête d’immortalité.
Je ne suis ni roi ni bon nageur, juste quelqu’un qui tenait à vérifier la teneur de ses propos contenus dans l’entretien accordé au journal Liberté. Aurais-je parlé trop vite? Mon affectif aurait-il supplanté mon objectivité? Le Bahreïn que je connaissais aurait-il changé en si peu de temps, et le roi que tout le monde louait se serait-il mu en tyran à mon insu? Pour le savoir, j’ai parcouru le Bahreïn d’un bout à l’autre, sans répit, malgré la fournaise implacable, pour aboutir à ce constat: je n’ai pas à regretter le moindre mot, ni à rectifier un seul vocable, ni à réajuster une seule ponctuation. Ce que j’ai dit est exact. Je crois avoir trouvé, dans l’entretien accordé à Liberté, la formule la plus appropriée pour résumer la méprise: «Le Bahreïn est un dommage collatéral du printemps arabe»…
J’ai examiné chacun de mes mots dans les rues, les souks, sur les plages et les places de Bahreïn. Et je reviens, aujourd’hui encore, attester qu’aucun pays, à ma connaissance, ne pourrait se targuer de proposer un cadre de vie meilleur que celui de Bahreïn. La tolérance des gouvernants, l’égalité des chances et l’intégration y sont des règles indéfectibles, des vérités tangibles.
Ici, vous êtes adopté à l’instant où vous débarquez. Contrairement aux autres pays de la région où vous n’avez droit ni à la naturalisation ni à la propriété, à Bahreïn les 2/3 de la population sont d’origine étrangère. Indiens, Pakistanais, Philippins, Arabes, Iraniens, Africains ont obtenu la nationalité bahreïnie et bénéficient des mêmes droits et des mêmes avantages. Chose inconcevable ailleurs; inimaginable dans le Golfe arabe où pour lancer le plus timide des investissements vous devez au préalable être sponsorisé par une filiale locale sans pour autant accéder à la propriété. A Bahreïn, pas d’impôts, médecine gratuite, investissement libre, ouvert à tous, y compris aux non-résidents, bourses d’études accordées aux meilleurs étudiants sans distinction de race ou de couleur, assistance sociale, aide à la création d’entreprises, aide à la construction, subventions, liberté de croyance, liberté vestimentaire, on est aux antipodes des clichés et des a priori. Le Bahrein est la souris qui aura accouché de la montagne, et non le contraire. Il est le plus émancipé des pays musulmans. La femme voilée côtoie la femme à découvert, sans inimitiés ni complexe, et sans outrage ni culpabilité… Au volant de grosses cylindrées comme au volant d’un 4×4, la femme! J’en ai rencontrés deux ministres, des chefs d’ateliers, des autorités locales.
Elles s’attablent sur les terrasses de café sans être importunées, vont où elles veulent, à l’heure qu’elles veulent, sans escorte et sans autorisation… Pour un pays musulman, il faut l’oser! C’est peut-être là que réside la vulnérabilité de cet Etat: dans son immense générosité et l’indulgence de son roi que certains prennent pour du laxisme et de la faiblesse; cette même générosité et cette même indulgence qui font grincer des dents les Etats limitrophes beaucoup moins enclins aux largesses et à certaines autonomies.
A mon arrivée à Manama, nulle trace des drames qui ont chahuté la quiétude de ce petit royaume que les musulmans islamisèrent au 7e siècle et baptisèrent du nom de Bahreïn en découvrant qu’au beau milieu de la mer coule un impressionnant fleuve d’eau douce (l’alchimie «eau salé-eau douce» a engendré Dana, la plus courue des perles au monde). La cité paraît tranquille. Les autoroutes sont animées jusque tard dans la nuit et les gens, débonnaires et prévenants, vaquent à leurs occupations. On ne comprend pas ce qui s’est passé. Personne n’a rien vu venir. Bien sûr, de temps à autre, des incidents mineurs étaient déclenchés par des chiites (qui constituent la majorité de la population), mais de là à soupçonner une telle tragédie, cela dépasse l’entendement. Les sunnites en sont encore abasourdis. «Nous croyions être un même et unique peuple», disent-ils la mort dans l’âme.
«Les chiites sont les plus riches du pays, les mieux logés et souvent les mieux servis par le roi lui-même». Je le constaterai de mes propres yeux partout à Manama, Madinat Hamad, Zellaq, Madinat Issa, Jeed-Hafs, Beni Jamra, Karbabad, Al-Rifaa où réside le roi et où cohabitent sunnites et chiites, pauvres et grosses fortunes en bonne intelligence… Pour tenter de cerner ce qui s’est passé au cours de ces semaines insurrectionnelles, ne posez pas la question à un sunnite ou à un chiite; cherchez la réponse plutôt du côté des émigrés asiatiques et africains, demandez aux étrangers européens qui vivent à Bahreïn. Je ne tiens pas à faire le procès d’une communauté, mais il m’importe de témoigner haut et fort que ce pays ne méritait pas le drame qui l’a frappé de plein fouet, sans crier gare, et ne mérite pas de voir son image défigurée dans le concert des nations. En Syrie, en Tunisie, au Yémen, en Egypte, etc. les peuples se sont soulevés contre la tyrannie. A Bahreïn, des fanatiques obscurs ont cherché à renverser un roi trop clément qui leur a tout donné. Ici, on parle ouvertement d’hégémonie iranienne qui profite de la chute de Baghdad pour faire main basse sur la région.
Pour moi, il s’agit d’abord d’ingratitude. S’il y a un peuple qui devrait se méfier du tapage médiatique et de la désinformation, c’est bien le peuple algérien. Nous avons chèrement payé les frais des audimats dévergondés, connu le mensonge et les procès bidons, fait l’objet de tant de malveillance journalistique et de manipulations politiques. Aujourd’hui encore, on continue de cracher dans nos larmes. Certains prient pour que l’Algérie sombre de nouveau dans la guerre et la décomposition; d’autres réclament notre sang comme eau de substitution pour leurs moulins. Aussi, nous n’avons plus le droit de prendre pour argent comptant les extravagances que le Web, les télés et les pseudo-grands journaux internationaux nous balancent à la figure. L’Information est morte, poignardée par l’Opinion, exécutée par l’impératif éditorial, la rentabilisation des rumeurs et la quête névrotique des scandales et des stigmatisations. Désormais, les tragédies et les foyers de tension sont le coeur de l’industrie médiatique, l’aubaine des «invisibles», la nourriture céleste des détritivores qui font de l’Internet un gigantesque dépotoir, et de la liberté d’expression, l’impunité de raconter n’importe quoi sur n’importe qui. Ainsi se ramifient les chemins de croix et se rejoignent ceux des perditions.
En parcourant le Bahreïn, me sont revenus en boomerangs les tristes souvenirs qui hantent l’Algérie: les attentats aveugles qui nous dépeuplaient, la terreur qui régnait dans nos villes et dans nos campagnes, les cortèges funèbres saturant nos cimetières cependant, curieusement, ces évocations douloureuses me paraissent moins monstrueuses que les élucubrations qui faisaient de notre martyre un fonds de commerce, moins laides que les «témoins» éhontés que l’on exhibait sur les plateaux télé comme des curiosités foraines, moins consternantes que les marionnettes à ventriloques que l’on nous imposait comme pièces à conviction; et j’ai pensé au doute que l’on avait réussi à installer dans les esprits et qui nous a troublés au point de prendre nos propres ombres pour des périls à nos trousses… Oui, les traumatismes sont parfois plus cuisants que les flammes de l’enfer!
Revenons à Bahreïn… Dans la moiteur caniculaire, on n’entend ni cris d’enfants ni coups de klaxon. La place de la Perle, où se rassemblaient les manifestants, a été démontée par les autorités comme pour effacer les séquelles d’un choc émotionnel insoutenable. Je ne peux pas y accéder. La place est interdite au public. Je me contente de la regarder de la route… Mais le temps n’est plus au recueillement.
Je mène un vrai marathon. Je veux tout voir, tout savoir, ne rien laisser au hasard et aux arguties. Alors, je me dépêche, je téléphone tous azimuts, je ne m’accorde pas de répit… Bonne nouvelle! Je suis autorisé à rendre visite à la poétesse Ayat El Ghermazi, que les médias avaient déclaré morte assassinée par la police. Je me rends aussitôt à Madinat Issa, non loin de Manama. Il est presque 13 heures, et le soleil cogne comme une brute. Je n’en ai cure. Les priorités sont ailleurs… Le centre de détention n’a rien à voir avec les prisons traditionnelles. Ni murailles imposantes, ni grand portail intimidant, ni scanners, ni grilles ferraillant lugubrement dans le silence des corridors. Le centre ressemble à un établissement administratif ordinaire. On nous laisse entrer en voiture dans la cour. Deux lieutenants de police femmes m’accueillent à la réception. Charmantes, affables. Elles sont au courant de mon passage, mais en sont un tantinet étonnées: effectivement, je suis le premier étranger à rencontrer Ayat El Ghermazi en prison. Les femmes policières me demandent de choisir entre le parloir ou une salle d’attente extérieure. J’opte pour la salle, qui est adjacente au bureau des deux lieutenants. C’est une petite pièce conviviale, équipée d’un canapé, de deux fauteuils en cuir noir et d’une table basse.
On m’offre du jus de fruit. Ayat El Ghermazi arrive au bout de cinq minutes. Je suis frappé par sa jeunesse, entre 20 et 23 ans. C’est une fille frêle, à la silhouette juvénile, la tête dans un foulard. Elle porte un pantalon de jogging et un petit sourire sur son visage gracieux sur lequel ne figure aucune trace de sévices anciens ou récents. Et sa bouche, que l’on disait avoir été cousue aux agrafes, est aussi fraîche que les pétales d’une rose. Il n’y a absolument rien de la martyre décrite sur le Web et dans certains médias. La vérité est sous mes yeux, à portée de ma main: cette personne n’a été ni violée ni torturée… Ayat El Ghermazi a accepté de me rencontrer sans hésiter. Elle me connaissait de réputation et semblait au courant de mes démarches pour obtenir sa grâce. Elle m’a avoué que ma visite était «la plus belle attention qu’elle pouvait espérer». Je l’ai interrogée sur sa condition carcérale (Ayat est condamnée à 1 an de prison ferme pour outrage au roi dans un poème d’une rare virulence, que j’ai lu). Elle m’a certifié qu’elle ne subissait pas de traitement spécial, qu’elle purge sa peine normalement. Je lui ai promis de faire mon possible pour qu’elle recouvre la liberté. Nous nous sommes quittés avec l’espoir de voir le Bahreïn sortir très vite de sa crise et de se lancer vers de nouveaux défis. Car je suis complètement bluffé par l’extraordinaire essor accompli par ce minuscule pays (700 km carrés pour 1 million 200.000 habitants) en moins de deux décennies. Partis de presque rien, des gens de bonne volonté ont fait d’un bout de sable et de caillou, un véritable eldorado. Audacieux dans ses choix, révolutionnaire dans ses initiatives, le Bahreïn est un exemple d’ingéniosité et de tolérance. Ici, la chance est accordée à tous. J’ai rencontré des ministres, de hauts fonctionnaires, des diplomates issus d’origines modestes. Ils ont eu la possibilité de faire de grandes études et ils sont devenus des autorités respectables et compétentes… Alors, pourquoi ce soulèvement? me demandai-je.
Peut-être parce qu’à Bahreïn il fait tellement bon vivre que ça frise l’ennui; ou bien, par on ne sait quelle ironie du sort, la vie réglée comme du papier à musique réclame-t-elle à l’usure sa part de désordre? Peut-être aussi qu’à force d’avoir le ventre plein, on se laisse tenter par d’autres appétits; qu’après avoir été trop riches, on se mettrait à vouloir joindre à sa fortune une certaine souveraineté, quitte à convoiter le Trône! Il me faudrait un roman pour y étaler ce que je crois avoir compris… Ce ne serait d’ailleurs pas une mauvaise idée. Après la prison, j’ai demandé à aller voir de près l’hôpital militaire où sont soignés les grands blessés du soulèvement et l’hôpital Salmania d’où le chaos est parti. Ici et là, la vie a repris son cours. On me fait visiter les différents services, me signalant que les soins étaient totalement gratuits pour les résidents, et coûtent 3 dinars (6 euros) pour les étrangers de passage, quelle que soit l’importance des interventions. On croit rêver!… Un grand blessé sunnite me confie: «Si ma blessure est le prix à payer pour que le Bahreïn redevienne la belle patrie d’hier, eh bien, je suis fier d’être sur ce lit. Je pardonne, même si je n’oublie pas.
Parce que ce qui est arrivé chez nous est injuste, et insensé. On n’a pas le droit de mordre la main qui vous porte comme un trophée»… Dehors, c’est le même sentiment de dépit et d’incompréhension. «Personne sur terre n’est mieux traité qu’un citoyen du Bahreïn. Il y a même une banque pour les pauvres, et des aides pour les démunis. Ici, il n’y a pas vraiment de pauvres, encore moins de miséreux, il y a seulement des gens de fortune modeste. Le loyer est presque symbolique pour cette frange sociale. Ici, au bout de 15 ans de location, on devient automatiquement propriétaire de sa maison», me dit mon chauffeur, d’origine sri-lankaise… Lui aussi est choqué par ce qui s’est passé et trouve que le Bahreïn ne méritait pas ses drames (Une vingtaine de morts, entre insurgés, forces de l’ordre et émigrés massacrés par les fanatiques; chiffres officiels validés par des ONG)… Il faut reconnaître que l’absurdité du soulèvement a marqué les esprits. Partout, on a l’air groggy, on n’en revient pas. Par quel sortilège les bienheureux exigent-ils leur part du malheur? se demande-t-on ici. Et pourquoi donc, pourquoi?… Le regard se tourne vers les obédiences qu’on dit sectaires, hostiles et réfractaires à la philanthropie ambiante… En effet, comment ne pas partager leur hébétude lorsqu’on a fait le tour de l’île et visité tous les quartiers, riches et modestes?
Après avoir été admiratif devant une poignée de gens qui, grâce à son imagination et son audace, a réussi à faire d’un radeau un navire et d’un bout de terre nue une oasis futuriste hérissée de gratte-ciel flamboyants, d’hôtels-palaces, de petits coins paradisiaques, d’ouvrages splendides, et de chantiers en pleine extension, comment ne pas rester stupéfait devant un tel besoin de gâchis tandis que tout est réuni pour le meilleur et pour tous?… J’ai été sur les 5 continents, dans des pays prospères et des pays misérables, découvert des merveilles et des trivialités crasses, nulle part je n’ai constaté un tel niveau de vie, un tel bien-être et une telle mansuétude. Le Bahreïn est le carrefour des civilisations et des croyances et en reste un digne gardien aussi dévoué que connaisseur. La culture est une réalité, ici. Musées, temples, sites archéologiques, vestiges des âges enténébrés, traditions, rites, artisanat ancestral, l’ensemble des héritages historiques et civilisationnels sont au coeur des soucis majeurs du royaume; les vieilles citées, les vieilles habitations, les vieilles ruelles sont restaurées à l’identique, à l’originel. Quant aux courants religieux, ils fusionnent comme de par le passé. Juifs, chrétiens, musulmans, bouddhistes, animistes, chacun mène sa barque comme il l’entend. La synagogue à Bab El Bahreïn, le temple hindou au souk de Manama, les églises Sacred-Heart et St-Christophe au coeur de la capitale, le temple de Barbar, les sanctuaires Bahaïte et ceux du Bohra en sont des preuves édifiantes.
Je ne suis pas allé à Bahreïn pour recevoir un prix, ni pour encenser un bienfaiteur. Je n’ai jamais mangé de ce pain. Et j’ai horreur des flatteurs comme des diseurs de bonne aventure. Je suis allé à Bahreïn défendre la vérité. Mais qu’est-ce que la vérité, de nos jours, sinon un rabat-joie? Que représente de nos jours la sainte vérité lorsque les ragots passionnent les foules, lorsque les scandales atteignent le nirvana, lorsque que les énormités passent plus aisément qu’une lettre à la poste? Qu’est-ce que la vérité aujourd’hui, qu’est-ce que la dignité, que sont devenues les valeurs humaines dans la liesse des lynchages et des rumeurs abracadabrantes? N’empêche, il faut défendre ce qui mérite d’être défendu, ce qui mérite de nous élever dans notre propre estime. C’est ce que je fais en ces pages volantes qui finiront, soit comme emballage pour un kilo de sardines, soit en feuilles mortes emportées par le vent… J’ai toujours clamé que l’honnêteté se paie très cher, mais qu’elle finit par payer. Je suis heureux de n’avoir pas à reconsidérer le moindre de mes propos consacrés à Bahreïn.
Je m’y suis rendu pour me rassurer. Je suis plus que rassuré, fier de ne pas m’être laissé emporter par le tsunami médiatique, et heureux de constater que la crédibilité d’un homme ne repose pas sur son audience, mais sur sa sincérité. Je me suis trompé parfois puisque nul n’est infaillible, mais rarement lorsque ma conscience interroge le fait avéré. Il existe un proverbe africain qui dit: «Celui qui ne sait pas qu’il ne sait pas est une calamité». Beaucoup de gens croient savoir alors qu’ils ignorent tout, et ceux-là sont plus dangereux que les guerres et les pandémies. Sans discernement ni retenue, ils ruent dans les brancards et pensent faire des vagues alors qu’ils ne font que du tort à eux-mêmes et aux autres. Il suffirait de les éveiller pour sauver la face, encore faut-il qu’ils veuillent se donner la peine d’arrêter de s’entendre rugir comme des tigres en papier… La mère d’Hannibal Lecter admirablement interprété au cinéma par Anthony Hopkins, disait: «Ce qui importe dans la vie, c’est faire des expériences.» Et il n’y a pas plus grande expérience que de décoder par soi-même la complexité des êtres et le sens des choses. Mesurer la bêtise humaine est aussi nécessaire au commun des mortels que la science et la conscience. Car tout a un prix en ce bas monde, le courage au même titre que la couardise, l’érudition comme la méconnaissance… Vivre, c’est surtout ne pas se laisser guider par des aveugles, et il n’est pire cécité que celle de prendre ses allégations pour des prophéties et son nombril pour le centre de l’univers. Le monde se porterait beaucoup mieux si les donneurs de leçons commençaient par les retenir, eux d’abord, si ceux qui se réclament de la justice s’abstenaient d’exercer l’impunité comme un sacerdoce. Mais, je suppose, l’homme n’obéit qu’aux vertiges de ses vanités, et le Messie lui-même ne pourrait rien y changer.
Yasmina Khadra


mardi 19 juillet 2011

La fantasia en deuil


Le monde de l’équitation traditionnelle est en deuil. Il vient de perdre l’un de ses plus dévoués serviteurs.

En effet, Hadj Khettab n’est plus. Celui qui est à l’origine de la fédération de l’équitation traditionnelle vient de perdre son ultime bataille contre la maladie. Le monde associatif en général et celui de l’équitation lui doivent beaucoup. Aussi dynamique que discret, ce fils des Souaflias, l’un des berceaux des Médjahers, n’avait pas son pareil pour rassembler plusieurs centaines de cavaliers à l’occasion des festivités nationales ou locales. Lui seul parvenait à réunir les plus grands rassemblements de chevaux du pays. Que ce soit à l’occasion des visites présidentielles, des salons spécialisés, des campagnes électorales, des concours de sport équestre comme le printemps équestre du Dahra dont il était l’un des piliers, Hadj Khettab était omniprésent.


Plus que les cavaliers de Mostaganem, Sidi Lakhdar ou Bouguirat, son aura avait largement atteint les plaines du Sersou et celles de Ghriss, voire Maghnia, Sidi Bel Abbès et Saïda. Redoutable d’efficacité, il savait se faire très discret. Depuis plusieurs mois, sa silhouette avait disparu de la scène équestre régionale, atteint d’une maladie pernicieuse, ses apparitions s’espaçaient de plus en plus. Sa mort intervient à un moment où des soubresauts agitent le monde de l’équitation à Mostaganem. La fédération de l’équitation traditionnelle qu’il présidait devra se surpasser pour lui trouver un remplaçant aussi affable, aussi respecté et aussi rassembleur.

mardi 12 juillet 2011

Bravo Ma Mie et merci

Je n'aurais jamais été aussi convaincant que lui...je vous laisse apprécier...c'est paru dans El Watan de ce jour 12/07/2011 grace à notre ami Med Faouzi Gaidi

dimanche 10 juillet 2011

Les journalistes de la chandelle

Un coup de gueule à propos du retour indécent de Mami sur scène
Cher Hafidh, mon cousin et mon frère, tu as très bien fait de signaler sur Facebook, le "con cerf de Ma mie de pain"..à Skikda, moi qui voulait y passer quelques jours en famille je suis désormais indécis…
Mais rassures toi ici personne ne t'en veux...combien même tu as été rail man par le passé...je suis persuadé que tu l'as fait avec élégance...moi quand j'écoute Khaldi ou Hamada, voir Djilali Aïn Tédelès, dans leur style...je suis vraiment emballé...il y a un fond musical et lyrique...meme Khaled dans sa version Trig Ellici ou la Camel...ya del marsemm de Khaldi justement...y a du travail...ce n'est pas ce que je leur reproche...ce sont leurs errements et dérives et surtout leur propension à parler pour nous...la honte...si chacun se limitait à ce qu'il sait faire...ça irait mieux pour tout le monde...mais lorsqu'on est projeté au devant de la scène et que l'on traine ensuite des casseroles...la discrétion s'impose...même dans le deuil il y a des délais pour la prescription...revenir sans honte et sans scrupules brailler dans un micro comme si de rien n'était...puis-je rappeler que pendant que le sang de Halliche coulait sur la terre égyptienne, Khaled était en pleine accolade avec Amr Dyab en direct...sur un plateau où une minute auparavant on insultait nos martyrs et notre révolution...je ne sais pas mais l'amnésie ne passe pas...ces deux cons plus ils sont loin mieux je me porte...Ma mie a donné de nous l'image de l'Arabe violeur, violent, égorgeur, outrancier, intrigant et sans scrupules...autant de bêtises que d'aucuns se sont échinés à nous coller des siècles durant...lui a fait une mise à jour...je ne parle pas pour les connards qui l'ont applaudis et qui continueront...mais je penses à ces algériens travailleurs, consciencieux, humains, généreux beaux et intelligents qui font des miracles pour passer inaperçu tout en se rendant utiles à la société et qui prennent le métro à Barbès ou Port Royal et qui croisent tous les jours des regards inquisiteurs...déjà que vivre l'exil est en soit une lourde mission, devoir supporter l'infamie est encore plus douloureux...pendant ce temps, Ma mie s'offre une tournée à nos frais et en plus il se la ramène...et ces journalistes à la petite semaine qui viennent lui tenir la chandelle...ça se voit pas mais je suis outré...de notre propension à oublier l'essentiel...faire toujours la part des choses entre l'honneur et le déshonneur...
Khaled qui évite de rencontrer un fils biologique...Mami qui fait avorter sa copine dans une charcuterie...ainsi va l'Algérie...de plus on nous les présente comme des modèles....de réussite...l'Algérie ne mérite pas ça...mais que des jeunes... et moins jeunes totalement écervelés par un système dont l'unique projet et de perdurer se ruent pour les applaudir...et plus tard s'identifier à eux...en faire des porte-voix et parfois des porte paroles...on ne récolte que ce que l'on sème...Je préfère et de loin Béhidja Rahal ou Fayçal Benkrizi...tout en harmonie sans pour autant exclure des textes de Ghazal d'une infinie douceur...et d'une profonde sensualité...mais à chacun son champ...Hamada avait plus de tenue...écoutez Ed-dhalma et vous m'en direz...pourtant c'est l'ancêtre du Rail, n'est-ce pas Cheikh El Khaldi...je me rappelle que la télévision nationale publique et si peu républicaine est passé sans transition d'Oum Kelthoum à chabba Zahouania...de Dahmane Benachour à cheb Yazid...d'où l'émergence de la racaille...les petits enfants d'Oum Kelthoum (opium du peuple selon les salafistes) ont fait vibrer Sahat Tahrir et exploser le Pharaon...

mercredi 6 juillet 2011

Un 5 juillet humanitaire et généreux

Caravane médicale dans les confins du Dahra
A Touaïzia

Mettant à profit la fête de l’indépendance, ils étaient 15 médecins de tous âges, dont 8 femmes, à se rendre dans la commune de Nekmarya, en une caravane médicale, dans le souci de faire subir des consultations aux populations démunies de cette région fortement enclavée.
Partie de Mostaganem dès 7 heures du matin, la caravane est arrive au douar Touaïzia, à près de 500 m d’altitude, un peu avant 9 heures. Aidé par des scouts d’Aïn Tédlès, venus en renfort, les médecins bénévoles déballent prestement les cartons de médicaments ainsi que les équipements, notamment l’échographe et l’électrocardiogramme ramenés par le docteur Redouane Hadjij, président de l’association des médecins généralistes de Mostaganem, initiatrice de cette première opération du genre. Très vite, les premiers patients commencent à affluer vers le centre de santé où s’active avec dévouement Belakhal Houaria, une jeune infirmière, originaire du douar Ouled Kada, à mi-chemin entre Touayzïa et Nekmarya. Alors que le centre de santé qui vient de rouvrir après plusieurs années de fermeture, ploie sous le nombre de visiteurs, les organisateurs décident de se scinder en trois groupes inégaux. Accompagné du docteur, Belhamiti, du secteur sanitaire de Achacha, 7 médecins sont alors convoyés jusqu’au douar Ouled Tayeb, perché sur un mamelon sur l’autre versant de l’Oued Bakhti, qui sépare Negmaria de Touayzïa, tandis qu’une équipe mobile mixte se rend aux Douars Khraïsiya et Mesbah culminants sur le versant gauche du barrage Kramis ; le restant de la caravane se chargent d’accueillir les habitants de la population  des douars Ouled Kada et Touaïzia. Après quelques instants de flottements, les consultations s’organisent avec engouement dans les deux centres de santé, dont les salles d’attentes sont pleines à craquer, où, hommes et femmes de tous âges, mamans accompagnées de leurs bébés, vieillards soutenus par de vigoureux adolescents, arrivent sans discontinuer vers ces lieux de ralliements.
Ouled Tayeb

Dans la plupart des cas, les consultations sont accompagnées par la remise d’un lot de médicaments offert par des donateurs anonymes. La plupart des enfants  reçoivent en prime un tube de dentifrice et une brosse à dent. Plusieurs patients nécessitant des analyses approfondies où une hospitalisation sont orientés vers les structures appropriées. Vers 13h30, l’équipe mobile, conduite par le docteur Selma, rejoint le groupe installé à Touaïzia, l’échographe et l’ECG, sont transférés vers Ouled Tayeb où ils vont permettre d’approfondir les investigations chez de nombreux patients. 

Centre de santé de Touaïzia

Générosité et fraternité
À l’heure du bilan, les organisateurs constatent avec soulagement et satisfaction que plus de 300 citoyens de tous âges ont été auscultés, c’est ainsi qu’en plus des pathologies habituelles, telle que les angines, les diarrhées ou l’hypertension, il a été détecté 10 cas de diabète, ainsi que de sérieux soupçons de cancer du sein chez au moins 3 patientes. Pour ces dernières, une mammographie permettra d’affiner le diagnostic.
Au moment de quitter les lieux, avec l’énorme satisfaction du devoir accompli qui se lisait sur tous les visages, le docteur Hadjij, tint a souligner la contribution décisive à la réussite de cette opération, des médecins Belkasmi Mohamed Amokrane et Kaddour Badra originaires respectivement de Tizi Ouzou et de Relizane, activant au niveau du secteur sanitaire de Aâchaâcha, ainsi que celle, tout aussi déterminante de l’ensemble de la caravane, venu de Mostaganem afin d’apporter un brin d’espoir a cette population enclavée du Dahra dont c’est le premier contact avec la modernité car comme l’auront souligné de nombreux citoyens, en ce jour du 49ème anniversaire de l’indépendance, c’est bien la première fois que des médecins se rendent dans ces douars isolés et déshérités de Nekmarya. Que cela intervienne à l’occasion de cette fête nationale fondatrice de la nouvelle nation, ne pouvait que lui donner un éclat particulier que soulignera avec force Med Hamoudi, fier descendant des Ouled Ryah qui a tenu à accompagner ces bénévoles dans leur déplacement à travers des contrées où le moindre acte de solidarité se transforme en une véritable prouesse. Très ému, cet habitant de la région ajoutera avec force que cette caravane a été une réussite totale en ce sens qu’elle aura aidé à rendre le sourire et souvent l’espoir à des centaines de familles à travers un acte généreux, fraternel et amical.

Sur les hauteurs du barrage Kramis, le groupe affecté au douar Ouled Tayeb avec accroupis au milieu l'infatigable Benatia


samedi 2 juillet 2011

La révolte de Belahrach séduit Mosta








«Belahrach» de Sonia marquera le festival de Mostaganem

Venue en qualité d’invitée, la troupe du théâtre régional de Skikda a donné un spectacle qui marquera la mémoire des présents à cette inoubliable soirée de mi-parcours. Programmée afin de donner du répit au public ainsi qu’aux membres du jury, la pièce « Belahrach » a laissé une très forte impression, tant par la qualité du spectacle, que par les somptueux costumes et les sublimes chorégraphies. En revisitant le combat singulier de cet homme d’honneur qui souleva les tribus contre la dictature du bey de Constantine, Sonia, la réalisatrice aura fait montre d’une maitrise et surtout d’une audace dont elle est coutumière. En plus de la leçon d’héroïsme et de courage qu’elle dépoussiéra avec rigueur, grâce à un texte de Hilali Salim, la directrice du théâtre de Skikda aura aussi donné la leçon d’art dramatique qui manquait au festival de Mostaganem.
Notamment en confiant des rôles de premier plan à de jeunes acteurs et actrices qui n’en sont qu’aux balbutiements d’une carrière professionnelle qui s’annonce prometteuse. Non pas que de nombreux interprètes sont parvenus à jouer juste, mais parce que la plupart des 24 comédiens engagés dans cette pièce n’avaient aucune peine à faire montre d’un amateurisme encore vivace. Ce qui est plutôt de bon augure comme ne cessera de le répéter l’inimitable Abdallah Hamlaoui; qui na jamais oublié que l’art scénique c’est d’abord une parfaite maitrise de la voix et une non moins parfaite maitrise de l’espace scénique. Deux règles fondamentales que les comédiens de Skikda auront tenté avec fougue de respecter. Le texte et le contexte de cette révolte tribale contre l’oppression du Beylik, à l’orée du 19ème siècle ayant été parfaitement maitrisé par les concepteurs du spectacle, il ne restait aux comédiens qu’à se mouler dans les rôles respectifs afin de donner un sens au juste combat des pauvres contre un état dont la seule fonction consistait à prélever des impôts de plus en plus lourds, de plus en plus injustes. Soutenus par une musique originale, par une panoplie de costumes aussi chatoyants que variés, par une chorégraphie envoutante et un jeu d’acteurs rarement pris en défaut, la troupe Skikdie avait tout pour plaire.
Des chorégraphies sublimes
Mieux, elle enchantera le public de la salle Bleue par une occupation appropriée de l’espace. La prouesse est de taille lorsque l’on découvre qu’une partie du public était venue pour « casser » le spectacle ». Et c’est là que les comédiens auront fait montre d’une maitrise digne des grands acteurs, puisque durant plus de 30 minutes, une partie du public, sans
doute excitée par une présence policière incongrue dans un espace de culture, n’a rien épargné aux acteurs et aux spectateurs. 

Entre quolibets de mauvais gout, interpellation malsaine et cris stridents frisant le racisme, il fallait beaucoup de sang froid aux comédiens pour maintenir le spectacle. Même lorsque les vociférations de la salle dépassaient en décibels la voix des acteurs, ces derniers sont restés scotchés à leur texte et à leurs rôles. Une réelle prouesse que de nombreux acteurs et actrices chevronnés, présents parmi le public, n’ont pas hésité à souligner avec force. Dans une courte intervention, le commissaire du festival a tenu à féliciter la troupe, soulignant son « application et son apport considérable à cette 44ème édition du festival de Mostaganem »; n’hésitant pas fustiger au passage l’inélégance d’une partie du public. Assurément, ce« Belahrach » de Sonia a fait montre d’une grande capacité à voyager à travers l’Algérie – afin de faire connaître et apprécier le travail accomplis, mais également la juste révoltes des tribus du Nord Constantinois durant la régence Ottomane- et aller bien au-delà des mers porter le message d’une Algérie réconciliée avec l’art scénique et avec son histoire. Indubitablement, si Djalel Draoui, Samia Saadi, Asma Mokhnach et leurs compères ont séduit Mosta et son impitoyable public, ils ont tout pour conquérir d’autres publics sous d’autres cieux. 



Les sublimes chorégraphies que l’on doit Slimane Habib, le choix des costumes, les jeux des acteurs et un public sans concessions sont le meilleur argument pour le développement d’un théâtre national orgueilleux et fier de son passé et de son présent. La prestation de Mostaganem, malgré l’épreuve du public et du trajet est à inscrire en lettres d’or au fronton de la jeune troupe de Skikda.
Rencontré à la fin du spectacle, Hachemi Ameur, le miniaturiste a trouvé « la pièce sublime, les costumes fabuleux et le texte d'une grande sensibilité, soulignant combien cette histoire méconnue mérite d'être portée à la connaissance des jeunes générations, afin de les éclairer sur une page glorieuse de notre pays et sur une révolte populaire insoupçonnée", ajoutant « que la scène finale illustrant la bataille de Oued Z'hor par une délicieuse chorégraphie, vaut à elle seule le déplacement".




20 Aout 55, les blessures sont encore béantes

  Propos sur le 20 Aout 1955 à Philippeville/Skikda  Tout a commencé par une publication de Fadhela Morsly, dont le père était à l’époqu...