vendredi 21 décembre 2012

Plaidoyer pour la valorisation des produits du terroir


À l’initiative du ministère de l’Agriculture, la wilaya de Mostaganem a abrité, les 10 et 11 décembre, un séminaire sur la valorisation des produits agricoles locaux.

À l’initiative du ministère de l’Agriculture, la wilaya de Mostaganem a abrité, les 10 et 11 décembre, un séminaire sur la valorisation des produits agricoles locaux. Inaugurée par Rachid Benaïssa, le ministre de l’Agriculture, la rencontre s’est déroulée en présence de 180 participants dont pas moins de 17 étrangers. A leur tête, le DG de l’Agriculture de l’UE ainsi que les représentants du ministère des Affaires étrangères et de l’UE à Alger. La nombreuse assistance, composée de cadres et techniciens ainsi que de fellahs, de responsables d’instituts et de représentants des filières agricoles et d’élus locaux, a vu l’intervention de nombreux orateurs. Après les discours protocolaires, les présents ont été conviés à suivre pas moins de dix communications. C’est ainsi que Hamdani du ministère de l’Agriculture fera une communication sur les «Signes distinctifs de qualité comme outil de valorisation des produits agricoles et d’origine agricole».
La réglementation européenne et les accords bilatéraux de protection des indications géographiques sont traités par Bruno BUFFARIA, expert auprès de l’UE, tandis que son collègue Christian Teulade parlera de la stratégie de valorisation du territoire (routes des vins, développement de l’agro-tourisme) et l’organisation des producteurs locaux, vecteurs de l’innovation. Il sera suivi de Chouakin, chercheur INRAA, qui fera une présentation de l’approche algérienne en matière d’indications géographiques. Le cas concret des pruneaux d’Agen sera abordé par M. Christian AMBLARD, expert de l’UE. Malek Belguedj, spécialiste en phoeniciculture et directeur de l’ITDAS, mettra en relief le potentiel de développement de «Deglet Nour», un produit phare de l’agriculture oasienne.
D’autres intervenants parleront de l’agriculture biologique. Il s’agit de Serge Massart et de Abdellaoui Hadjira qui traiteront, pour le premier, de la réglementation européenne, de la certification et des accords bilatéraux, et pour la seconde, de l’approche algérienne en matière d’agriculture biologique. François Thierry, président de l’Agence BIO PARIS et Philippe Loeck, responsable des programmes régionaux de coopération, interviendront, respectivement, sur l’impact économique de l’agriculture biologique et d’un cas concret d’une ferme combinant la polyculture avec l’élevage.Toutes les interventions ont été suivies d’un débat.
Toutefois, en marge du séminaire, des producteurs locaux d’huile d’olive, de dattes et de figues sèches ont présenté des échantillons de leurs produits. Par contre ni l’ONCV ni les vinificateurs privés, qui produisent tous les ans pas moins de 300 000 hectolitres de vins – dont certains crus de Mascara ou du Dahra sont parmi les plus réputés du monde – n’ont pas été conviés à présenter leurs millésimes.
Une méprise qui n’a pas échappé à la perspicacité de nombreux participants nationaux et étrangers qui n’ont pas compris que des crus dont la réputation n’est plus à faire soient absents d’une manifestation consacrée à la valorisation des produits du terroir.           

Ce que dit l'Union Européenne

C’est en présence de Rachid Benaïssa, ministre de l’Agriculture, venu inaugurer le séminaire sur la valorisation des produits agricoles algériens, que José Manuel Silva Rodriguez, Directeur général de l’Agriculture et du développement rural auprès de l’UE, a mis l’accent sur la nécessité «de fournir une valeur ajoutée aux multiples produits que compte le riche territoire algérien et de soutenir la production agricole, en particulier dans certaines zones».

José Manuel Silva Rodriguez avec Rachid Benaïssa

Pour ce responsable, dont c’est la première visite en Algérie, le séminaire que vient d’abriter la wilaya de Mostaganem «aura pour objectif d’identifier les créneaux de valorisation prometteurs, en s’appuyant le plus possible sur les expériences concrètes». Avant tout, l’orateur a tenu à faire un bref rappel sur les 6 principales étapes ayant abouti à la réforme de la Politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne qu’il résumera ainsi :

   - Sécuriser la production alimentaire en Europe par des soutiens au revenu pour les agriculteurs actifs, par des mesures de marché rénovées, mettant l’accent sur un rôle accru des organisations de producteurs ou encore par un effort majeur pour la recherche et l’innovation.
    -Préserver les ressources naturelles, notamment en soutenant les pratiques agricoles durables liées aux paiements directs, mais aussi grâce à des mesures agro-environnementales.
    -Faire face aux défis de la mondialisation, avec un nouvel outil de gestion de la volatilité des prix et des revenus.
    -Maintenir l’ancrage territorial de l’agriculture grâce à une meilleure organisation des agriculteurs ainsi que des soutiens pour les zones les plus fragiles, pour l’agriculture locale, les circuits courts de commercialisation et les produits de qualité liés aux territoires.
    -Valoriser la diversité des agriculteurs avec notamment des soutiens plus équitables et mieux répartis.
    -Relever le défi du vieillissement des zones rurales, en proposant une aide renforcée pour les jeunes agriculteurs.
    -Et enfin, simplifier la PAC.
Il abordera ensuite le volet de la sécurité alimentaire et son lien avec la recherche et l’innovation, soulignant que, «selon la  FAO, il sera nécessaire d’augmenter la production agricole de 60% d’ici à 2050 pour nourrir la population mondiale». Il rappellera également que, «depuis les années 70, l’agriculture européenne a atteint des gains de productivité de 20% par décennie». Cependant, il fera noter que non seulement «de tels gains ne seront désormais plus possibles sur la base exclusive des technologies existantes, mais ces gains de productivité ont été associés à la surexploitation des ressources naturelles» qui ont parfois entraîné «des effets négatifs sur l’environnement».
Parlant du principal défi «auquel devra répondre l’agriculture dans les décennies à venir», l’orateur dira la nécessité «de produire davantage, en s’affranchissant des anciens modèles de croissance». Pour y parvenir, l’UE aura besoin d’une «amélioration profonde de l’utilisation des ressources en agriculture et une résilience durable des écosystèmes, accompagnées par une efficacité économique des producteurs qui permet d’atteindre l’objectif d’une croissance verte».
Appel pressent
C’est pourquoi, dira-t-il, l’UE devra se doter de nouveaux instruments afin «d’unir nos efforts pour un investissement majeur dans la recherche et l’innovation et nous devons nous assurer que nos investissements se traduisent par des résultats concrets applicables sur le terrain». En outre, dans le nouveau programme-cadre pour la recherche et l’innovation de la période 2014-2020, «la commission propose de réserver 4,5 milliards d’euros pour la recherche et l’innovation concernant, notamment, l’agriculture durable et la bio économie». Toutefois, il semble que cet effort financier conséquent ne soit pas la panacée, puisque l’orateur parlera de la nécessité d’identifier «d’autres obstacles qui limitent l’innovation dans le secteur agricole», mettant l’accent sur l’écart entre, d’une part, la recherche agricole et, d’autre part, la pratique agricole sur le terrain et le conseil agricole.
Cet écart étant considéré «comme le goulot d’étranglement principal tant par les agriculteurs que les scientifiques». Concernant le partenariat avec l’Europe, le conférencier parlera des accords déjà signés avec certains pays – Suisse, Moldavie, Géorgie, Ukraine, Corée du Sud, Pérou…– des négociations en cours avec la Chine, Singapour, la Malaisie, le Vietnam, l’Inde, le Mercosur, le Canada et l’Afrique du Sud. Il ajoutera que l’UE est sur le point de lancer des négociations avec le Japon et le Maroc, tout en émettant le souhait de voir l’Algérie s’engager dans ce processus. Pour lui, il ne fait aucun doute que «le système de protection des indications géographiques est un succès, nous voulons le partager avec vous, vous inspirer et vous permettre d’en faire un vecteur de développement rural et un outil promoteur d’une plus grande qualité alimentaire».
En conclusion, le DG de l’Agriculture soulignera, à l’intention de ses hôtes algériens, que «la commission que je représente, sera toujours au côté de l’Algérie et de ses agriculteurs pour les aider dans cette voie».                                       

samedi 15 décembre 2012

Mobilisons-nous pour Tarek El Yahiaoui

Un journaliste Algérien atteint de Spina Bifida menacé d’expulsion de l’hôpital de Strasbourg

Hospitalisé depuis plus d’un mois à Strasbourg, le jeune journaliste Tarek El Yahiaoui, originaire de Mostaganem, est en phase d’expulsion de l’hôpital strasbourgeois où il a été admis en urgence. Atteint de Spina Bifida, lui-même président de l’association algérienne éponyme, il s’est retrouvé  en grande difficulté alors qu’il se rendait à un congrès où il était invité. Muni d’un visa et d’une assurance voyage, il a été admis en urgence absolue. Après plusieurs semaines de prise en charge au niveau de l’hôpital alsacien, la direction de ce dernier l’aurait menacé d’expulsion s’il ne signait pas un engagement de régler une somme que certaines sources évaluent à 40.000 euros. Il s’agit certainement des frais d’hospitalisation ainsi que des honoraires engendrés par une éventuelle opération. Dans son cas, ce serait une opération lourde et certainement onéreuse qu’il n’est pas capable de financer. Il s’avère que la fameuse assurance voyage exigée pour la délivrance d’un visa ne couvre pas ce type d’intervention. Appelé au téléphone, Tarek est dans une situation des plus critiques. Ses collègues et amis de Mostaganem sont désemparés et ne peuvent rien faire sinon alerter les autorités Algériennes et Françaises, ainsi que »Médecins sans frontières » et les associations caritatives afin qu’elles se mobilisent pour trouver une solution à ce jeune homme au courage exemplaire. Selon nos sources, il risque d’être jeté à la rue dès ce lundi 17 décembre, soit 2 jours avant la visite d’Etat du président François Hollande en Algérie. Ceux qui lui ont parlé au téléphone soulignent l’état d’abattement dans lequel il se trouve.

lundi 3 décembre 2012

Frissons Catalans



centre ville de Perpignan

Partis dans le cadre des échanges culturels et scientifiques avec la ville de Perpignan et le pays Catalan, nous arrivons ce mardi 27 novembre à l’aéroport Blagnac de Toulouse avec une exactitude Suisse. Très surprenant de la part de la compagnie nationale Air Algérie, mais tellement agréable pour nos amis Catalans venus à notre rencontre. Conduit par Braik Saadane, doyen de la faculté des lettres et des Arts, le groupe se compose de H’mida Belalem, metteur en scène Mostaganémois dont le talent et la discrétion sont notoires, de sa fille Imène qui fera sensation lors des deux représentations de la pièce « Filet » du magistral Ould Abderrahmane Kaki ; il y avait également les comédiens Bourougaa Sarah, Belmehel Nesser Ellah , Braïkia Zakaria , et Bourougaa Belkacem.

Une terre de contrastes et de vignobles
Les formalités d’entrée ayant été accomplies avec célérité, nous nous retrouvons sur le quai « D » de cet immense aéroport de Toulouse. Mais première désillusion, passagère et attendue de la part de Pierre Paul Haubrich, mon ami de longue date et principal organisateur de notre séjour à Perpignan. Joint par téléphone, il finira par nous retrouver et nous embarquons en direction de Perpignan. Le ciel est parfaitement dégagé, contrairement à Oran où nous venions d’essuyer un orage Algérois selon la description d’Albert Camus. Braïek Saâdane et moi prenons place dans la minuscule Citroën de PP Haubricht. La troupe prend place dans un mini bus affrété par la mairie et conduit par le sympathique Jaume Pol, membre du staff culturel de Marie Costa. A la première aire de repos, halte obligatoire pour une pause café. Une charmante serveuse se laisse surprendre lorsque je lui demande de me servir un « Copé »…grosse moue de dépit puis sourire lorsque je lui indique le  pain au chocolat. PP Haubricht ne cache pas sa joie, il est très ému de nous voir enfin dans son deuxième pays et ne cesse de nous le rappeler. Braïk Saâdane dont c’est la première rencontre avec mon ami, l’enfant de Beymouth, est admiratif de notre complicité. L’autoroute A61, qui mène en Espagne, longe les Pyrénées et traverse Perpignan et Le Pertuis pour rentrer dans l’autre partie du pays Catalan. A mi chemin, j’aperçois la superbe cité de Carcassonne que j’avais visité 51 ans auparavant, lorsque nous étions venus séjourner dans un centre de colonie de vacances en plein cœur du Tarn. Pierre Paul est surpris par ma connaissance des lieux. Sa surprise est davantage accentuée quand je lui parle du village « Les Cammazes » où nous avions séjourné durant l’Eté 61, en pleine guerre d’Algérie. L’arrivée à Perpignan se fait à notre grande surprise sous un soleil automnal persistant, par temps clair avec un léger vent balayant les interminables vignobles jaunissant. Les Pyrénnées Orientales sont une terre de Rugby mais aussi de vins. Des similitudes frappantes avec le Mostaganémois, ce qui explique l’engouement des « Gens de Mosta » pour ces contrées accueillantes et prospères. Nous déposons la troupe à la Résidence RUSCINO , en périphérie de Perpignan, juste à proximité d’un site archéologique en plein chantier de fouilles. Repas «  Hallal » dans un restaurant et départ vers le centre ville en compagnie de PP Haubricht et Saâdane.
Une douche à l’eau des Pyrénées
Nos hôtes ont fait le choix, malgré mes protestations, de nous installer dans le superbe hôtel «La Loge» en plein cœur de la vielle ville de Perpignan, avec ses ruelles approximatives qui rappellent avec bonheur le Derb ou la Casbah d’Alger…avec une propreté irréprochable pour décor. A travers ces ruelles en serpentins, il y a juste de la place pour la mini Citroën de Pierre Paul. La chambre « 110 » où nous sommes installés est spacieuse et très éclairée. Du robinet, coule l’eau de la montagne voisine. Prendre sa douche à l’eau des Pyrénées est un luxe dont ne rendent plus compte les Perpignanais. Le diner offert par la mairie de Perpignan est l’occasion pour faire connaissance avec Fouzi Bouhadi, l’adjoint au maire, qui nous reçoit dans un restaurant tenu par une Réunnionaise aux multiples talents. Ce sera l’occasion de faire connaissance avec des associations activant dans le rapprochement entre nos deux régions. Il y a ce charmant couple d’Algéro Français qui a déjà fait un séjour pour apporter aide et soutiens aux écoliers d’Abderrahmane Dissi, du temps où mon ami Hammi en était le directeur. Son successeur leur fera découvrir l’école de Chorfa, une bourgade où j’ai de nombreux amis, dont Hadj Charef Dahmane à qui me lie une amitié de 40 ans et dont les vignobles et les figuiers me sont familiers. La soirée est l’occasion pour moi de rencontrer enfin Marie Costa, une immense romancière, femme de culture et de convictions, militante déterminée pour une relation intelligente entre les différentes communautés vivant à Perpignan. Fouzi Bouhadi, l’enfant terrible de Kenanda, dans les piémonts de l’Ouarsenis, entre Zemmoura et Mendès, prend la parole pour souhaiter la bienvenue au groupe. Moment de grands frissons lorsque il parle du message de Jean Marc Pujol, le maire de Perpignan, retenu à Paris par l’étonnante actualité de son parti l’UMP.
Une mosaïque multiculturelle
Moment d’une profonde joie personnelle de voir combien cet enfant de Mostaganem est sensible à notre présence dans sa ville d’adoption. Repas océanique entrecoupé de sérénades judicieusement interprétées par un artiste Argentin en tenue mexicaine et reprises en chœur par l’assistance. Il fallait voir ces femmes algériennes entonner les refrains dans un parfait espagnol. Comment ne pas être étonné de constater que l’intégration est ici très forte, en tous cas bien plus prégnante que ces avatars qui font souvent les manchettes de journaux à sensations, voir à frustrations, tout simplement. Oui en effet, Perpignan que l’on présente comme le fief des nostalgiques, ne s’en tire pas mal de ce brassage multi ethnique qu’elle conjugue à tous les temps. Car il y a là également le longiligne Thierry Gopaul, un Antillais, compatriote d’Audrey Pulvar et grand homme de culture. Fonctionnaire auprès de la mairie, il est un personnage incontournable dans le staff de Marie Costa, elle-même chargée de la culture à la mairie, mais qui en douterait, tant cette femme aux multiples talents sait conjuguer dans les faits nos différences pour mieux asseoir la politique culturelle qui tous les jours, tord le cou aux idées de l’extrème. Ce Thierry là, fera étalage d’une générosité et d’un humanisme qui me fera chavirer lors du trajet du retour que j’effectue à ses cotés. Par moment, sa complicité avec H’mida et sa troupe sera telle que même un observateur averti croira qu’ils étaient ensemble depuis la nuit des temps. Grace à sa disponibilité de tous les instants, il finira par se fondre dans la troupe pour en devenir à la fois le guide et le frère à qui on confie sa fortune et son destin.
Belalem conversant avec JM Pujol, maire de Perpignan
Cours de danse à « l’Ile de la Réunion »
Tandis que le chanteur Mexico-Argentin, parfait sosie de Maradonna, agrémentait la soirée de ses mélodies, la propriétaire du restaurant «L’Île de la Réunion» finissait de concocter un somptueux dessert. Puis au moment où les fruits et autres friandises étaient servis, la jeune femme invitera l’assistance à la rejoindre au milieu de la salle pour un tour de danse. On découvre alors ses talents cachés mais bien réels de professeur de danse océane. Avec les jeunes filles et garçons de la troupe, elle entamera devant un public sidéré, la première leçon de danse. Divine surprise, ce sont les jeunes artiste de Belalem qui feront sensation. En seulement dix minutes de démonstration, le pas de danse langoureux et saccadé de l’Océan Indien sera vite adopté par nos jeunes acteurs. Déjà à ce stade de notre séjour, nos hôtes pouvaient se faire une idée de l’immense talent de la troupe « Le Masque Bleue » de Mostaganem. Et là encore, la vivacité et l’harmonie prodigieuse d’Imène fera grande impression. Timorés à cause d’une maîtrise imparfaite de la langue Française, les jeunes garçons de la troupe donneront libre court à leurs passions favorites. Pour ces amateurs de Alaoui et de Assaoua, les danses traditionnelles de la région, il fallait juste franchir le premier pas pour suivre le rythme imposée par la danseuse pour ensuite l’intérioriser. Très vite ça donnera une rythmique nouvelle où la gestuelle harmonieuse des uns fera jonction avec la virile transe des « Derwichs tourneurs » de Syrie et de Turquie. Qui aurait pensé un seul instant que sur cette terres catalanes, des jeunes algériens droits dans leurs bottes et dans leurs convictions pouvaient se transporter sans tabous vers un mixe de danses probablement jamais expérimenté par ailleurs. C’est pourquoi, à la fin de la soirée, c’est notre hôte Réunionnaise qui fera part de son désir de venir à Mosta s’initier aux danses locales.
PP Haubrich, Saadane Braik, Aline et Fouzi Bouhadi au siège de l'Indépendant
Une filleule appliquée
Mercredi matin, une pluie bretonne tombe sur Perpignan. Divine surprise, au pet déjeuner, le maitre d’hôtel nous propose des figues sèches de la région. Minuscule et délicieuses, ces figues me font rappeler que mon pays en était un grand exportateur. Courte flânerie au centre ville puis départ vers la salle Al Sol où nous attend Fouzi Bouhadi et nos artistes. La journée entière est consacrée à la transformation de la salle de sport en un petit théâtre. Tensions maximale avec toutefois un calme tibétain chez H’mida Belalem qui peine à fixer son filet, la pièce maitresse de son décor. Déjeuner avec Pierre Paul et Aline au Resto U où nous croisons en pestiférés, le sieur Ahmed Benaoum, un presque compatriote que j’aurai bcp de peine à assimiler à la grande tribu patriotique et militante des Mascaréens. Il n’aura même pas pris le temps de prendre un café avec nous, mais je sais que c’est aussi ça la rançon de l’exil. Tandis que je suis au téléphone le déroulement des opérations à la salle Al Sol, nous rentrons dans l’Amphi « Y » pour la rencontre sur l’eau en Méditerrannée. C’est finalement moi qui interviens en premier en parlant de la gestion durable de l’eau dans la Dahra Occidental. Bcp d’étudiants d’Afrique noire dans les travées. Interviendront ensuite Martine ASSENS qui parlera avec maestria de «  L'eau dans les Pyrénées Orientales », suivra  Benoît GARIDOU avec  une « Approche comparé du domaine maritime en Méditerranée », enfin viendra le tour d’ Ahmed Benaoum qui tentera de faire une présentation autour des « symboliques de la distribution de l'eau du TOUAT Algérien ».
Après un débat utile, nous croisons une ancienne compatriote, dont la maman aurait un lien avec la mère d’Albert Camus ; C’est une dame d’une grande élégance qui me parlera longuement de son séjour à Laghouat où elle avait enseigné. Coquette comme une demoiselle du siècle des lumières, elle déclinera avec doigté mon projet de photo.
Nous quittons en trombe l’amphi « Y » pour aller rejoindre la troupe à la salle Al Sol. Aidés par Thierry, omni présent, les artistes ont fait du très beau travail, puisque sans échelle, ils sont parvenus à placer le filet ramené de Mostaganem. Les chaises ont été ajustées pour accueillir les convives, pour leur majorité des cousins de Mosta, de Mazouna et de la fière Kabylie. Ici, l’Algérie se conjugue au brassage. Quelqu’un  a même ramené un ami Roumain qui peinait à se départir de son accent. Michèle Andreu, filleule de Pierre Paul depuis sa vie oranaise en qualité de professeur de gymnastique, s’affaire à immortaliser l’évènement. Le regard pétillant et la générosité à fleur de peau, elle s’occupe aussi de la revue et du site internet de l’association France Algérie Pays catalan. Fouzi Bouhadi, l’enfant de Kenanda, s’affaire à mettre les ultimes retouches à son allocution de bienvenue, il ne laisse rien au hasard, car il est sur ses terres et parmi les siens. Il me demande d’intervenir après son allocution afin de parler de la culture à Mostaganem. Ce que je fais au pied levé.

La troupe avec Jean Marc Pujol, maire de Perpignan
Le maire entre en scène
A 19h15, place au spectacle. Alors que je m’apprêtais à prendre place parmi nos invités, Zaki, membre de la délégation me demande de le suivre derrière le filet et m’indique ma nouvelle mission : attendre la fin du spectacle et détacher le filet  en tandem avec H’mida à l’autre bout de la scène. J’ai tout de même réussi à prendre quelques photos à partir de mon coin. Mais j’ai suivi le spectacle à partir de la scène, ce qui me m’offrait une proximité d’avec les acteurs.  Vers 21 heures, nous partons en procession vers la Casa Xanxo où était prévue une conférence intitulée « Camus ou la prière de l’Absent » ainsi que le vernissage de l’exposition consacrée à la miniature et aux croquis d’Hachemi Ameur. Le centre situé au cœur de la vielle cité est une ancienne  abbaye. C’est là que nous rencontrons Jean Marc Pujol, le maire de Perpignan, qui malgrè une actualité dévorante et un agenda bien chargé, avait tenu à venir nous saluer.  Nous conversons longuement sur sa dernière visite à Mostaganem ainsi que sur l’œuvre d’Hachemi Ameur et sur la pièce de théâtre. Il nous fera la promesse de venir la voir le lendemain à la Maison de l’Etudiant au sein de l’université. Nous dinons sur place en dévorant des pizzas ramenées par un livreur. A notre grande surprise, une partie était préparée avec de la viande porcine, ce qui ne sera pas du gout de Pierre Paul qui  le fera savoir en appelant la pizzéria. Seules les pizzas « Hallal » feront l’objet de toutes les attentions.
Jean Marc Palma, Imène et H'mida Belalem
Thierry et Fouzi, deux guides attentionnés
La matinée du jeudi est consacrée quartier libre. C’est Thierry  qui se prêtera avec générosité pour servir de guide à la troupe de théâtre. Saâdane Braïk et moi sommes pris en charge par Fouzi Bouhadi, l’adjoint au maire. Il nous mènera à travers les principaux quartiers de la ville puis nous irons du coté de Narbonne pour faire quelques précieux achats.   Resté à Perpignan, Pierre Paul et Aline se démènent pour nous organiser une rencontre avec un journaliste de l’Indépendant. C’est peu après 14 heures que nous arrivons face à l’imposant siège du journal où nous sommes reçus par Julien Marion, un jeune et sémillant journaliste. Très vite, le courant passe à la perfection entre nous et l’entretien se transforme  en un échange à bâtons rompus sur les liens culturels qui lient la France à l’Algérie et sur nos engagements respectifs en vue de mettre en place les passerelles qui permettent une plus forte relation entre la région de Perpignan et celle de Mostaganem. La rencontre à laquelle ont pris part Aline, Pierre Paul, Fouzi Bouhadi et Saâdane Braïk se prolongera par une séance photos avec les professionnels du quotidien régional. A 18 heures, nous procédons au vernissage de l’expo de Hachemi Ameur à la bibliothèque universitaire. L’espace est sous la responsabilité d’une jeune et charmante Irakienne avec laquelle je parlerais de Kadem Essahar, mais surtout de Farida Med Ali que j’ai eu le plaisir d’interviewer pour El Watan lors de son passage à Mosta dans le cadre de la rencontre organisée à l’époque par le Nadi El Hillel.
Après le vernissage, courts instant avec des étudiants qui voulaient savoir plein de choses sur les croquis de Hachemi et sur la présence des signes Arabes sur certaines de ses œuvres. C’est chargés de victuailles et de rafraîchissements  que nous rejoignons enfin la Maison de l’Etudiant où va passer le spectacle de H’Mida Belalem et sa troupe du  « Masque Bleu ».
Jean Pierre Barbe, le guitariste de Daniel Guichard et de Michel Sardou
Le Mascaréen et le prestigieux guitariste
La salle garnie avec une double rangée de chaises bleue est magnifique. Comme convenu, le maire accompagné de Fatima Dahine, l’élue en charge des sports à la mairie de Perpignan, elle-même ancienne joueuse de basket, fait son apparition. L’autre grosse surprise  est l’œuvre de mon ami Jean Marc Palma, un Mascaréen pur jus que nous avons reçus à l’université de Mostaganem dans le cadre de la mission de prospection conduite par les patrons de Quasar Industrie. Nos retrouvailles sont empreintes d’une profonde émotion, d’une grande générosité et d’un indicible bonheur. Mais l’ami  Jean Marc n’était pas venu seul. Il a eut la bonne idée de se faire accompagner par Jean Pierre Barbe, le guitariste de Daniel Guichard et de Michel Sardou. C’est face  à ce parterre de choix que la troupe hyper motivée de H’mida Belalem entre en scène. Du fond de la salle, René Ruiz, le très discret mais terriblement efficace gestionnaire de la Maison de l’Etudiant ne rate pas le moindre souffle. Durant une grosse partie de l’après-midi, il a travaillé d’arrache pied avec le metteur en scène afin de coordonner la diffusion de la musique ainsi que les images qui accompagnent le spectacle. Une caméra HD est mise à l’épreuve afin d’enregistrer le spectacle. Sa complicité avec H’mida est patente. Il ne lâche plus d’une semelle. Thierry, encore une fois fait étalage de sa disponibilité proverbiale. C’est lui qui a ramené le lecteur de DVd et la data show sans lesquels la pièce serait fortement amoindrie. Ecrite pendant la guerre d’Algérie et jouée à travers la France durant les premières années de l’indépendance, la trilogie de Kaki a été agrémentée des techniques les plus actuelles du théâtre moderne. Une musique grave et en parfaite harmonie avec la gestuelle des acteurs, des images inspirées pour la plupart du patrimoine universel, le « Filet » de Belalem est une pièce accomplie. Jouée par des acteurs motivés et parfaitement concentrés, elle aura séduit le public. C’est avec beaucoup d’égards qu’à la fin du spectacle, le maire et ceux qui l’accompagnaient monteront sur scène pour saluer la performance des acteurs et féliciter le metteur en scène qui a tant fait pour que le 4ème  art Mostaganémois soit digne de ceux qui, à l’image de Kaki et de Djilali Benabdelhalim, lui on donné ses lettres de noblesse. Nul doute que cette incursion en terre catalane restera à jamais gravée dans les mémoires des jeunes acteurs qui ont réellement séduit.
Un metteur en scène comblé
Ce n’est pas sans raison que, prenant la parole, Jean Marc Pujol fera part de son admiration. Il sera vite rejoint par Jean Pierre Barbe et Jean Claude Palma qui ne tariront pas d’éloges. Cette consécration de Perpignan devrait naturellement ouvrir de nouvelles perspectives pour la troupe du « Masque Bleu » de Mostaganem. Ayant fait le difficile choix de jouer cette mythique pièce de Kaki, H’mida Belalem et sa jeune troupe ont fait montre d’une audace certaine. Pourtant, au départ, rien n’était facile pour eux. Surtout que le metteur en scène s’est appliqué à l’enrichir avec des ajouts techniques d’une cruelle modernité. C’est pourquoi à la fin du spectacle, alors que nous partagions dans la grande joie une série de pizza « Hallel » et que de toutes parts les éloges fusaient jusqu’à l’overdose, lui, en toute sérénité ne cessait de murmurer comme s’il se parlait à lui-même «c’est bien dommage  que Kaki ne soit pas là pour voir comment sa pièce a évolué ». Dans les arbres alentours, une forte tramontane fait tomber les feuilles, enveloppant la pittoresque ville de Perpignan d’un froid glacial. Pourtant, dans les coulisses de la Maison de l’Etudiant, les talentueux artistes goutaient enfin à la consécration. Peu avant minuit, c’est à bord des voitures de Pierre Paul Haubrich, de Jean Marc Palma et de Jean Pierre Barbe que nous accompagnons la troupe vers la résidence pour y passer une dernière nuit. Vendredi matin, alors que Perpignan continuait de se courber sous les rafales de vent, nous prenons la route de Toulouse pour reprendre l’avion. A midi, lorsque nous nous séparons à l’aéroport d’Oran, c’est Imène Belalem qui dira avec une nostalgie déjà bien ancrée que ce voyage elle l’attendait depuis sa tendre enfance. Je pouvais lire dans son regard l’immense satisfaction du travail accompli. L’année prochaine, selon les vœux de Jean Marc Pujol, le maire de Perpignan,  la pièce sera à nouveau jouée, mais cette fois-ci ce sera dans l’immense salle du théâtre de l’Archipel, œuvre du grand Jean Nouvel et qui a été inauguré il y à peine une année par Frédéric Mitterrand. Assurément, en confiant cette première incursion culturelle en terre catalane à H’mida Belalem, je savais, pour l’avoir longtemps observé, que ce réalisateur d’apparence timide, n’allait pas décevoir. Grace à une discipline spartiate qui n’aurait point déplu à ses prédécesseurs Kaki et Benabdelhalim, H’mida Belalem est parvenu à montrer un spectacle que même un professionnel aussi exigeant que Jean Marc Palma y décela les prémices d’un théâtre à la modernité assumée.
Aziz MOUATS

mercredi 21 novembre 2012

L'insurrection de Novembre dans le Dahra

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 La stèle oubliée de Benabdelmalek Ramdane


Gerbe de fleur déposée par un anonyme le 1er novembre 2012
Erigée afin de commémorer la mort au champ d’honneur du premier membre des «22» historiques de la Guerre de libération, la stèle de Benabdelmalek Ramdane continue de narguer le temps et le bon sens.

Construite il y a une trentaine d’années, son architecture, digne de l’art soviétique des années de plomb, n’est qu’un vulgaire accolement de parpaings que recouvrent avec une naïve maladresse des carrés de ce vieux granito des années 70. Située en bordure de la forêt de Belekhelouf, la construction s’offre aux curieux sans aucun charme ni aucune esthétique digne de la symbolique qu’elle est censée représenter. En effet, c’est à quelques centaines de mètres de l’endroit où est tombé au champ d’honneur, le jeudi 4 novembre 1954, le combattant Benabdelmalek Ramdane.
fac-similé du PV de procédure judiciaire du 31/12/1954

Il venait de boucler ses 26 ans et à l’époque, sa mort était presque passée inaperçue. En tout cas, si l’endroit n’a jamais fait l’objet de la moindre contestation, les circonstances de sa mort sont encore de nos jours entourées d’un nuage de suspicion. En lisant le PV établi par l’administration coloniale, on y apprend que la mort de Benabdelmalek Ramdane remonte au 5 novembre 1954. Pour le reporter Yves Courrière, le responsable politico-militaire faisait partie des 8 premières victimes recensées durant la journée du 1er Novembre. Ceci est absolument faux puisque tous les témoignages de ses compagnons de l’époque sont formels. D’autant que le jeune militant Constantinois a été inhumé au cimetière de Sidi Ali, comme le stipule le PV de la gendarmerie de l’époque. Pourtant, sur sa tombe, c’est bien la date du 4 novembre qui est gravée à jamais.
La controverse sur  la date montre à quel point la mort de Benabdelmalek Ramdane continue de torturer les consciences. Car le personnage n’est pas qu’un simple combattant, il s’agit de l’adjoint de Larbi Ben M’hidi, responsable FLN/ALN pour l’Oranie au déclenchement de l’insurrection. Désigné pour organiser l’insurrection dans la région du Dahra, Benabdelmalek Ramdane ne connaissait pas la région. Sur place, c’est Bordji Amor qui était à la tête de l’organisation et c’est lui qui pouvait aligner pas moins de 92 combattants lors du déclenchement de la révolution.
Ses militants, le PV de la gendarmerie faisant foi, sont pour la plupart  originaires de Sidi Ali, Ouillis, Bosquet, Aïn Tédelès et Sour. Un autre groupe de 12 combattants originaires de la région d’Aâchaâcha devait accueillir «Si Abdallah», nom de guerre de B. Ramdane, dans un refuge situé dans la forêt de Sidi Slimane, 20 km au sud de Sidi Lakhdar, non loin de Béni Zentis. Un lieu que B. Ramdane devait rejoindre juste après l’attaque des fermes Monsenégo et De Jeanson et de la caserne de gendarmerie de Cassaigne.

La mort suspecte d’un héros
 A l’heure du rendez-vous, deux membres de l’escorte – Bey Mohamed et Belghachem Ahmed –  firent défection, ils seront capturés dès le lever du jour sur une route du Dahra.
Accompagné du seul Douar Miloud, «Si Abdallah» se rend dans les massifs forestiers de Bourahma, Benlekhlouf, Seddaoua, situés en bordure de mer, dans les environs immédiats de Sidi Lakhdar. Parvenus au niveau de l’oued Romane, les deux rescapés ont dû faire demi-tour. Ils durent traverser les douars Seddaoua et H’gagna avant de venir s’abriter dans la forêt de Bourahma, non loin du douar Ouled Larbi. C’est là qu’ils seront repérés et accrochés. Banabdelmalek Ramdane sera criblé de balles tandis que Douar Miloud, blessé, sera fait prisonnier. Libéré à l’indépendance, il décèdera en 2001 à Hadjadj, son village natal, sans avoir dévoilé les circonstances de la mort de son illustre compagnon. Le 1er novembre dernier, une main anonyme a déposé une gerbe de fleurs sur la stèle oubliée.
Chez les habitants de la région qui ont accepté de nous parler de ce douloureux évènement, il ne fait aucun doute que la mort du premier chef historique du FLN est le fait d’une trahison. Certains ont même donné le nom de celui qui est présenté comme étant l’auteur de la battue. Il s’agirait d’un membre d’une tribu locale connue pour ses accointances avérées avec l’administration coloniale. Il reste que pour celui qui visite l’endroit où est tombé Benabdelmalek Ramdane, en lisière de la forêt de Bourahma, non loin du douar Ouled Larbi, il ne peut ne pas déplorer l’état de délabrement de la stèle.
Comme si la mort de cet illustre martyr continuait à être vécue comme une malédiction. Pourtant, la région natale de Bordji Amor et de Belhamiti Bendhiba ne peut ne pas être fière de sa contribution précoce à la Guerre de libération, puisqu’à l’instar de la Kabylie, de l’Algérois et de l’Aurès, le Dahra était au rendez-vous de l’histoire. C’est bien ici que le 1er Novembre 1954, à 1h15 du matin, furent tirés les premiers coups de feu devant la ferme Monsénego et De Jeanson, puis 15 minutes plus tard, face à la gendarmerie de Cassaigne. Blessé devant la ferme Monsénego, le jeune Laurent François recevra le coup fatal devant la gendarmerie où il venait donner l’alerte à bord de sa 4 CV.
C’est ainsi que l’Oranie est rentrée dans l’histoire de la libération du pays. Il est regrettable que la stèle commémorative de cet évènement majeur – dont la plaque a été arrachée – soit laissée à l’abandon, comme si les dignes fils du Dahra avaient honte de leur histoire.

extrait du PV d'audition de Jean François Mendez

jeudi 15 novembre 2012

Réchauffements climatiques à Alger




Les révélations d’Algérie News, le quotidien bilingue de H’Mida El Ayachi, viennent à point nommé pour rappeler que sans les luttes de clans, rien ne se fait dans ce pays. Au moment où de sérieux bruits de bottes nous parviennent des frontières sahariennes, le pays tourne ses regards vers un contre feu qui sent à mille lieues la manipulation. Ce qui ne veux pas dire qu’il n’y a pas de fumée sans feu, les révélations d’Algérie News ne constituent nullement un scoop, comme on voudrait le faire croire…H’Mida Ayachi apporte d’autres éléments d’informations…ni plus ni moins…c’est seulement le choix du moment et du journal qui devrait nous interpeller. Qui mieux qu’Abed Charef, redoutable routier de la presse, pouvait nous éclairer davantage ? Voici sa chronique disponible sur le site La Nation….à lire et à mettre au chaud, l’Eté ne fait que commencer et il va être très long…jusqu’au printemps 2014…la neige précoce qui vient d’habiller les Djebel Aïssa et Mekheter, qui enlacent Aïn Sefra, n’y pourra rien…dans les hautes sphères de la république, c’est la canicule assurée, combien même c’est un ancien ministre de l’eau qui est installé au poste de pilotage du palais du gouvernement…L’affaire Ghoul et Belkhadem font partie intégrante du réchauffement climatique, elles annoncent des tempêtes, des ouragans, quelques cyclones et peut être même un Tsunami…à l’Algérienne bien entendu…surtout que pour les démentis, vous avez vu la geste ample de Ghoul sur EnNahar TV…la chaine de qui vous savez…c’est dire notre accablement…face à l’inertie de façade…
Boussayar

Règlements de compte autour d’un cadavre
Abed Charef
Mercredi 14 Novembre 2012

Nouveau scandale. Des personnalités de haut rang mises en cause dans des affaire de commissions. Mais le pays continue de fonctionner comme si de rien n’était.

1. Journalisme d’investigation

Les révélations sur des affaires de pots-de-vin, publiées cette semaine par le quotidien El-Djazaïr News, réconcilient avec le journalisme, le vrai. Celui qui promet de s’attaquer aux puissants, de ne jamais céder face aux détenteurs du pouvoir et de l’argent ; un journalisme qui a pour seul crédo la recherche de la vérité, indépendamment de celui à qui elle profite ou à qui elle peut causer du tort. Ce journalisme a disparu d’Algérie, au profit d’un autre exercice, très approximatif, qui ignore les règles les plus élémentaires du métier. Il ne s’agit pas de nostalgie, ni d’une quelconque volonté de revivre un passé qui, du reste, n’existe pas, car la presse algérienne n’a jamais été libre et professionnelle sur une durée suffisamment longue pour en faire un repère.
Non, il s’agit seulement d’un constat. L’Algérie ne s’est pas adaptée aux médias modernes, et les médias n’ont pas suivi l’évolution qui est en train de bouleverser le monde de la communication dans le monde entier. L’Algérie est d’ailleurs dans un bel anachronisme, avec ses chaines de télévision privées non déclarées, ses monopoles sur la publicité dans un marché supposé concurrentiel, et son niveau professionnel proche de zéro dans nombre de médias.
Dans un tel paysage, le travail effectué par El-Djazaïrs News, avec des révélations précises, étayées par des documents, mettant en cause des hommes politiques puissants, fait figure d’exception. C’est si rare dans un pays où la manipulation de la presse est un jeu si répandu qu’il en est devenu la règle. Mais hélas, ce que publie El-Djazaïr news ne relève pas du journalisme d’investigation. On est dans un mode totalement différent, qui se rapproche beaucoup plus de la guerre des clans et des règlements de compte.

2. Guerre des clans
C’est donc vers la guerre des clans qu’il faut se retourner pour trouver une explication à ces révélations selon lesquelles M. Amar Ghoul aurait touché des commissions dans le contrat sur l’autoroute Est-Ouest, alors que M. Abdelaziz Belkhadem, patron du premier parti du pays, ancien premier ministre, considéré comme proche du président Abdelaziz Bouteflika, serait intervenu pour qu’un contrat soit accordé à une entreprise qui n’aurait pas dû l’obtenir. M. Ghoul a affiché son ambition pour la présidentielle de 2014. M. Goul a, également, créé un nouveau parti, dans lequel il a  attiré une partie de l’encadrement de son ancien parti, Hamas, et affiche des ambitions de plus en plus grandes. Est-ce une manière de les rappeler à l’ordre ? De les ramener sur terre, alors qu’ils semblaient partis pour tenter des aventures en solo ?
Dans la rue comme dans les milieux branchés, c’est ce qui se répète. Personne ne semble croire à un hasard, ni à l’existence d’un justicier masqué qui aurait décidé de balancer des politiciens ripoux. Partout, prime la théorie du complot. « Ils » ont décidé de sacrifier Amar Ghoul, « ils » ont décidé de griller Belkhadem, « ils » ont choisi de baliser le terrain avant que les choses sérieuses ne commencent, à l’approche de 2014. « Ils » ont décidé de griller tous les candidats alternatifs, pour qu’un quatrième mandat s’impose comme une évidence. Mais alors, ce serait quoi ce pays où un chef d’Etat, physiquement diminué, politiquement usé, qui a lui-même reconnu avoir fait son temps à travers sa célèbre formule « tab djenanani », ce serait quoi ce pays où un chef d’Etat reste éternellement au pouvoir non parce qu’il est le meilleur d’une compétition plus ou moins acceptable, mais parce qu’il réussit à éliminer ses adversaires ? C’est le signe d’un système politique mort.

3. Un système mort
Il ne s’agit pas d’un système à l’agonie. Non, c’est un système mort. Qu’il réussisse à s’imposer ne signifie pas qu’il est en vie, puissant, opérationnel. Non, c’est un système mort, car il ne peut plus donner vie au débat politique, aux idées, à la compétition. Il n’est plus capable de donner naissance à de nouveaux leaders, à un nouveau personnel politique, à de nouveaux dirigeants. C’est encore plus frappant encore dans le domaine économique. Un chef de mission du FMI a déclaré, cette semaine, avec une certaine ironie, que l’Algérie réalise une croissance « solide » à 2.5%, mais qu’elle pourrait faire 6 à 7%, et que son potentiel devrait en fait lui permettre de faire plus de dix pour cent. L’Algérie réalise une croissance économique qui couvre à peine l’augmentation de la population, alors qu’elle pourrait avoir une croissance « chinoise ». Pourquoi ? Parce que son système est mort.
Une autre manière de le confirmer : des journaux publient des informations sur des affaires de corruption. La justice, autre institution morte, ne peut pas s’en saisir. Aucun procureur légalement compétent n’a annoncé avoir ouvert une information judiciaire. Et puis, nouveau séisme : un ancien ponte du régime est désigné membre d’un institut de lutte contre la corruption alors que sa fille et son gendre sont impliqués dans un énorme scandale.
On n’est plus dans le journalisme, dans la guerre des clans. On est face à un système mort, et qui risque d’emporter avec lui un pays.

20 Aout 55, les blessures sont encore béantes

  Propos sur le 20 Aout 1955 à Philippeville/Skikda  Tout a commencé par une publication de Fadhela Morsly, dont le père était à l’époqu...