mercredi 30 avril 2014

Demain, je vote Bouteflika


Est-ce un simple hasard si un an jour pour jour après son AVC, Abdelaziz Bouteflika se reconduit à la tête du pays pour la 4ème fois? A l'allure avec laquelle s'est conclue l'affaire, il y a fort à parier que le hasard n'y est strictement pour rien. Tout algérien normalement constitué, savait qu'une fois revenu aux affaires, Bouteflika n'allait surement pas se faire prendre une seconde fois! Et c'est là où ça fait mal, car  il faudra bien se rendre aux deux évidences suivantes: d'un, après son éviction de la course à la mort de Boumediene et suite à sa condamnation par la Cours des Comptes,- curieusement, il était le seul apparatchik à avoir droit à ce traitement, à croire qu'il était seul à s’être un peu mélangé les poches-, ce qui en faisait un revanchard assermenté et un adversaire redoutable, c'est à dire prêt à toutes les compromissions et à toutes les ruses pour reprendre "la place perdue" et de deux: qu'une fois revenu, il allait accepter comme le ferait un agneau, de repartir et de se faire encore une fois trainer dans la boue, ainsi que ses proches et amis...bonne transition, s'il y a une chose qui fait plaisir chez Bouteflika, c'est bien la notion qu'il développe s'agissant de l'amitié! Lui qui aura tant souffert de son exil et de sa mise à l'écart, il a eut tout le temps pour se faire une idée précise du retournement de vestes. Si bien qu'une fois revenu aux premières loges, son souci premier fut de faire subir - sans en avoir l'air- les pires humiliations à ses adversaires d'antan, dont certains iront jusqu'à se coucher pour un bristol à la Toussaint. 

 

Benflis à l’Élysée

Ceux qui sont allés le chercher de son exil étaient-ils à ce point naïfs pour croire qu'une fois plié le premier mandat, il allait prendre le premier avion pour Genève. Sans doute l'eut-il fait si lors de la présidentielle de 1999, des responsables, probablement dans la hiérarchie militaire,  ne s'étaient arrangés pour dissuader les six cavaliers qui devaient lui servir de faire valoir qui se sont volatilisés avant le scrutin. Il était évident que ce retrait était destiné à faire élire un Bouteflika grandement amoindri, et lui même ne s'en était point caché, puisque face au premier micro tendu, il dira haut et fort qu'il ne sera « jamais un trois quart de président »! La messe était dite! L'élection ayant été superbement entachée à cause de l'absence de candidats crédibles, Bouteflika s'acharnera dès l’automne, à organiser le référendum de la réconciliation. Une manière bien cavalière de tâter de sa popularité et surtout de démontrer à ceux qui l'ont mal élu qu'il savait déplacer les curseurs. Pourtant la leçon n'a pas été apprise, puisque dès janvier 2002, on ne sait par quel subterfuge, son chef de gouvernement Ali Benflis, se fait filmer - une première pour un PM Algérien- sur le perron de l'Elysée, en compagnie de Jaques Chirac...un autre bras de fer venait de commencer. Soutenu publiquement par le chef l'EM de l'ANP, Benflis ne cachait plus ses ambitions et surtout ses soutiens. Il s'en suivra une véritable débâcle électorale, y compris dans son fief tribal de Batna. Les choses auraient pu en rester là, pour peu que l’on trouva quelqu'un pour atténuer la grande méfiance de Bouteflika vis à vis du système. Mais le mal était fait et jamais un climat de confiance ne sera établi entre le président et les décideurs. 

 

Les fantasmes ont la vie dure

D'où le dynamitage du verrou constitutionnel relatif au nombre de mandat. Intervenu en 2008, ce coup d'état parlementaire pétrifia les décideurs qui laisseront faire sans broncher. Mais il semble que le coup fatal, celui qui mettra Bouteflika dans tous ses états, est celui intervenu juste après son AVC. De toutes parts, couraient le bruit de l'imminence de l'activation de l'article 88. Avec à la clé une gestion catastrophique de l'évènement, d'aucuns ayant même agité le spectre de la solution biologique. Une méprise que rien pouvait justifier en terre de croyances, où la foi en Dieu s'invite à tous les instants "el a3mar bi aydi Allah" (seul Allah dispose de la vie). Pourtant, laissant de coté la vieille maxime nationale, faisant abstraction de toute forme de retenue, d'aucuns s'en allèrent prêchant, comme des oiseaux de mauvais augures, la terrible sentence!  Ce qu'ils ne pouvaient faire à la régulière, en un combat singulier, comme de vrais seigneurs des temps anciens, ils vont le confier à la maladie! Sauf que devant tous les maux, chacun s'en sort comme bon lui semble, selon ses propres moyens. Et ici plus qu'ailleurs, il faut toujours une exception pour confirmer la règle. Même diminué, aphone, affaibli et sans doute fortement contrarié, Bouteflika semble ressusciter tel un vieux phœnix. Ayant mis en place une écurie de fidèles prêts à faire sauter la baraque, après avoir superbement neutralisé toutes les formes de velléités, y compris celles  en kaki, le voilà repartis pour un 4ème tour de piste. Combien même, de toutes parts s'élèvent des voies indignées du sort fait à l'Algérie, il faudra se rendre à l'évidence, même complètement malade, Bouteflika a eut raison de ses adversaires...quelques parts, sa roublardise, son coté félin et une généreuse baraka l'auront plutôt bien servis! S'il est vrai qu'il n'entrera pas dans l'histoire pour ses réalisations économiques, ni pour ses avancées démocratiques, il restera le président qui aura terrassé le système et qui l'aura définitivement discrédité...surtout que de toutes parts, on le donnait pour fini! Reconnaissons lui au moins cela et si jamais nous étions encore là en 2019, osons enfin voter pour lui, car il est la preuve que nos fantasmes ont la vie dure, alors que lui, à chaque fois qu'on le croyait battus, il relève la tête sans bouger...S'il est aussi fort, c'est que quelques parts, nous sommes bien faibles...je sais que ça n'a pas l'air de plaire aux Américains, mais qu'est-ce qu'on en à à foutre du message d'Obama? L'Algérie ne manque pas de cataplasme que je sache!

 

Changer la raison plutôt que le peuple

Alors, maintenant que Bouteflika a les coudées franches, malgré les séquelles visibles et les  souffrances que l'on imagine, il serait peut être temps de faire, chacun à son niveau, son mea culpa...et ne jamais jeter l'opprobre au peuple - n'est-ce pas Saïd Saadi?-, mais d'abord en se regardant dans les yeux...car le peuple qui a fait élire Bouteflika est toujours là! Qu'attend-il de nous? Il attend qu'on lui donne les clés de l'énigme...rien ne vaut une bonne analyse des soubassements de la crise...Bouteflika n'en est que le révélateur...autrement, nous passerons encore une fois à coté de la plaque...Car Bouteflika n'est pas tombé du ciel et il ne fait pas partie d'une génération spontanée...focaliser sur lui est très facile mais ça ne rapporte rien à la biologie glauque du système algérien...ceux qui savent, se souviennent où il était à attendre son heure, car lui savait qu'il suffisait d'attendre...que le fruit tombe pour s'en emparer...venir maintenant pérorer sur le 4ème mandat, c'est un peu court...d'autres que moi savaient depuis 1994 qu'il reviendrait à la tète du pays...qui n’avait plus de tètes ! Alors mille excuses mes amis, mais il ne faut pas prendre l'ombre pour la proie...et surtout accuser indéfiniment le peuple...d'autres l'ont formaté bien avant le retour de Bouteflika...une autre vérité qu'il serait vain de nier...à chaque fois qu'il s'est présenté, il a obtenu la majorité des votants...et pour enfoncer davantage le clou, rappelons nous que le seul candidat hors système qui a remporté les élections ça reste le Fis et à deux reprises...en 90 pour les locales et en 91 pour les législatives...je sais que ce sont des vérités qu'on oublie de voir en face...mais elles s'imposent à nous...L’élite c’est aussi la clairvoyance, la fidélité, la lucidité et le bon sens…nous n’avons pas le droit d’avoir raison contre notre propre peuple ! Sauf à changer la raison…


mardi 29 avril 2014

Le tourisme mémoriel prend ancrage dans le Dahra


La région du Dahra commence enfin à intéresser le tourisme de part la grande diversité et l’insoutenable luxuriance des ses paysages. Trop longtemps marginalisées par à la fois ses élus mais aussi par les autorités locales, elle entame apparemment une résurrection qui devrait dans un premier temps faire connaître ses énormes richesses, notamment celles qui lui donnent une réelle profondeur historique.  A Nekmaria, depuis l’ouverture d’une route et la construction d’une stèle à la mémoire des Ouled Riah, il ne se passe pas un jour sans que des visiteurs venus de tous les horizons affluent vers le site qui est devenu un lieu de mémoire incontournable.


 
 C’est ainsi qu’en fin de semaine dernière, deux groupes de visiteurs se sont relayés pour rendre hommage à ces sacrifiés de l’histoire. Grace à la perspicacité d’un guide bénévole, ces amateurs de tourisme mémoriels ont fait des haltes sur les principaux endroits qui ont marqué à jamais l’histoire de la région. C’est ainsi que le groupe conduit par Brahim Senouci, universitaire établit en France, venu avec ses amis Mascaréens. Ils ont été accueillis à l’entrée de Mazagran où Abdelkader Boudjmaa, un enfant du pays, leur a fait un bref aperçu sur les batailles de Mazagran, dont celle de 1558, superbement contée par le poète Benkhlouf qui faisait partie des 10.000 combattants venus de toutes les régions d’Algérie, pour mettre un erme aux belliqueuses prétentions espagnoles. La seconde halte se fera devant le phare de Cap Ivi, majestueusement dressé en haut de la plage de Chaïbia, dont le sable d’or peine à se détacher d’un bois de genévriers de Phénicie qui tapisse la pente raide menant vers l’ivresse d’une mer d’azur. Après avoir contourné le cité de Benabdelmalek Ramadane, le cortège fait une première halte mémorielle au niveau de la ferme Monsénégo. Accueillis par deux robustes gaillards, les hôtes du Dahra apprennent que c’est à cet endroit que fut tirée sans doute la première cartouche annonçant le début de la guerre de libération. En effet, la nuit du 1er Novembre 54, à 1 H15 du matin, le groupe conduit par Douair Miloud n’hésite pas à tirer sur la 4 CV conduite par François Laurent, le blessant légèrement. répondant aux implorations du gérant de la ferme lui et sin ami Jeans François Mendez, prennent la route de Sidi Ali afin d’alerter la gendarmerie de l’assaut rebelle contre la ferme. L’attaque, dira avec assurance le guide, a commencé très certainement 15 minutes avant l’arrivée la 4 CV où se trouvaient les deux jeunes pieds noir, ce qui fera de François Laurent  la première victime de l’insurrection, puisqu’à 1h30 du matin, il sera atteint d’une balle mortelle devant la gendarmerie de Cassaigne/Sidi Ali. Après avoir immortalisé cette halte par une photo collective, le groupe prend congé de deux sympathiques gaillards pour emprunter le trajet effectué par la 4 CV 60 ans auparavant. Passage obligé de la caserne de gendarmerie puis arrêt devant le musée de Sidi Ali. En ce vendredi matin, seul le gardien est là pour permettre au groupe d’accéder au centre de torture ouvert le lendemain de l’insurrection pour servir de lieu de détention aux centaines de militants et de combattants. Malheureusement, l’absence du responsable écourtera la visite, les tentatives du guide de joindre le maire de Sidi Ali s’étant avérées infructueuses. Ce désintérêt pourrait s’avérer mortel pour la région, car l’accès au carré des martyrs situé au cimetière de Sidi Ali est très fortement demandé par toutes les délégations, y compris étrangères, qui font de cet endroit – en raison  de la présence de la tombe de Benabdelmalek Ramdane, mort le 4 novembre 1954, il est à ce titre le premier haut responsable, membre du groupe des « 22 » à tomber au champ d’honneur-, un passage incontournable : d’autant que c’est ici précisément que sont morts les 4 scouts venus de Mostaganem célébrer la réinhumation des martyrs, en ce tragique jour du 1er  novembre 1994.  Le guide, pour s’excuser de ce fâcheux contre temps, alors que la visite été programmée depuis plusieurs mois, rappellera que lors de la célébration de la journée du 22 mars, il a fallu que le chef de daïra de Sidi Ali se déplace personnellement pour que les portes du carré des martyrs soient ouvertes devant de simples citoyens venus se recueillir et déposer des fleurs sur les tombes. 
Entre peurs et imprécations
A la mairie de Sidi Ali, le nouveau locataire peine à prendre la mesure de sa tache, qui ne consiste pas à seulement refaire les trottoirs de la rue principale. Ses administrés, qui ont trop longtemps souffert  de son prédécesseur, affichent ouvertement leur mécontentement, voire leur grande déception. Les visiteurs qui se font un honneur de venir se ressourcer et rendre hommage aux valeureux martyrs de ce coin d’Algérie, ont de la peine à admettre qu’à Sidi Ali, les élus se détournent sans vergogne de ce devoir sacré. Le lendemain, alors que le responsable du musée s’est fait un point d’honneur à accueillir un groupe d’oranais, s’excusant au passage de sa défection de la veille. C’est «à cause du vendredi », dira-t-il en guise d’argument. Ce à quoi le guide répliquera que c’est uniquement durant les week-end que les citoyens, parfois au prix de mille efforts, parviennent à se libérer pour s’accorder ces instants de ressourcement et de recueillement. Une jeune femme oranaise lui fera remarquer que dans un pays voisin, les fonctionnaires prennent le temps – entre 13 h et 15h- pour aller faire la prière et revenir reprendre le travail sans que cela entrave leur croyance. Après l’épreuve de Sidi Ali, dont le maire n’est pas à sa première défection, le groupe traverse la fertile dépression de Naïmia et ses vergers verdoyants, pour rejoindre à travers monts et vaux, l’agglomération de Ch’karnia, dont certaines maisons gardent encore vivaces les stigmates de la décennie noire, avec ces fermes abandonnées, ses classes éventrées et ses femmes besogneuses qui continuent d’aller au bois. Sur les berges encastrées d’Oued Romane, faisant face aux versants tapissés de thuyas, un paysage lunaire s’offre aux regards. Les véhicules qui se suivent à faible allure peinent parfois à remonter des pentes raides, au grand bonheur des occupants qui prennent le temps de savourer ces paysages encore vierges. Un sentiment de plénitude que le guide tempère rapidement en rappelant qu’en raison de ses insurrections, la région du Dahra dispose du réseau routier parmi les plus denses  du pays, ajoutant que dans sa furie, l’armée coloniale a ouvert de multiples pistes afin de prendre possession du moindre recoins dans le seul souci de réprimer le moindre soulèvement. L’arrivée sur le site de Ghar El Frachih impressionne toujours les visiteurs. Malgré un asphalte impeccable, la descente vers le site d’El Kantara qui surplombe les grottes est toujours accompagnée d’imprécations et de peurs, tant l’endroit parait escarpé. Le guide en profite pour rappeler que le 18 juin 1845, la troupe du sanguinaire Pélissier a eut recours au Khalife de Nekmaria pour parvenir aux grottes où s’étaient réfugiés les Ouled Riah. La grande fresque, éclairée par un soleil splendide, laisse découvrir une œuvre de toute beauté que même les habitués du coin prennent le temps d’en apprécier les bas-reliefs. 
La dernière halte avant la redoutable épreuve
Les 8 gardiens qui se relayent pour garder et sécuriser le site, prennent enfin conscience que le combat de leurs ancêtres n’ont pas été vains, puisque de toutes les régions d’Algérie, ce sont de véritables expéditions qui s’organisent afin de découvrir ce lieu que même l’hélicoptère le plus sophistiqué a de la peine à visualiser. La procession qui s’ébranle à travers l’escalier ne prend même pas la peine d’admirer la végétation alentours où lavande et ciste cotonneux peinent à se mesurer aux éphémères coquelicots aux pétales écarlates. Plus bas dans l’étroit valons de l’oued Frachih, ce sont les pistachiers et les chênes kermès qui affichent leur étonnante vigueur par des jeunes rameaux luisant de bien-être. La plaque de marbre sous le caroubier est la dernière halte avant la redoutable épreuve. Eclairée par un sublime rayon de soleil, l’entrée de la grotte principale n’est accessible qu’au prix de mille efforts. Les mines graves mais le pas résolu, parfois chancelant, ces visiteurs parviennent dans un discret effort intérieur, à l’entrée de la grotte. Happés par la fraicheur, on peine à habituer son regard à l’obscurité qui finit par se dissiper, dégageant les immenses souillures noires qui tapissent depuis 169 ans, les parois de la grotte. Le silence imposant de majesté est à peine brouillé par les rares bruissements de voix qui parviennent de l’extérieur. Lentement, l’obscurité regagne en épaisseur, l’arrivée d’autres personnes finit par réduire la lumière qui ne se fraye un passage qu’à travers les anfractuosités supérieures  de la paroi. Le silence se fait de plus en plus pesant, l’instant de recueillement atteint alors son apogée. Comme s’ils s’étaient concertés, à chaque fois, les visiteurs entrent dans une interminable concentration. Seules quelques mouches parviennent à braver ce lourd silence. Quelqu’un prend enfin la parole pour réciter la « Fatiha » à la mémoire des 1500 victimes, dont des centaines encombrent encore le fond des grottes. Dans la pénombre qui perdure, des mains furtives essuient des larmes trop souvent contenues. Puis sans rien dire, chacun reprend le chemin du retour, l’esprit à la fois apaisé et troublé. En bas, à l’ombre du caroubier, celles et ceux qui n’ont pas fait l’ultime escalade à travers les rochers de gypse qui bouchent l’entrée, éprouvent de la peine à fixer les yeux humides de ceux qui reviennent de cette tombe collective où dorment Ouled Riah. La lente remontée vers l’esplanade d’El Kantara se fait dans un silence aussi religieux que lors de la descente. A peine si, sans doute pour se libérer de ce lourd fardeau, des mains innocentes prélèvent quelques brindilles, des écorces de pins séchées, un caillou de gypse éclatant de blancheur. D’autres s’offrent quelque bouquet de cette flore locale en pleine exubérance. Le passage devant l’immense fresque se fait à pas lents, comme si les visiteurs peinaient à quitter l’endroit où reposent ces pesantes victimes. 


C’est toujours ainsi que se ponctuent les visites aux grottes des Ouled Riah, dans une grande incertitude. On y vient le cœur léger et on en repart la tête bien lourde.  Ce qui est plutôt rassurant, c’est que progressivement, le voyage dans le Dahra s’incruste dans les habitudes. Que ce soit en famille ou en groupes, le voyage se veut à la fois initiatique et mémoriels. Car en plus d’offrir ses fabuleux paysages, ses multiples collines et ses verdoyantes vallées, le Dahra veut aussi faire partager la générosité des ses habitants ainsi que sa tragique et valeureuse histoire, faite de luttes, d’insurrections, de victoires, de bravoures et de martyre. Il est bien dommage que trop souvent, ceux qui sont aux affaires ignorent cet aspect combien valorisant de leur passé.  C’est pourquoi, grâce à ces voyageurs d’un jour, le Dahra et ses luttes s’ancrent inexorablement dans la mémoire collective.


lundi 21 avril 2014

Du bon usage de l’encre de Chine




Dimanche matin, la tête encore bien lourde, je reprends le chemin de l’ITA. La veille, le ministre de l’intérieur et des élections avait beaucoup de peine à cacher sa joie. Le système ayant parfaitement fonctionné, comme il le fait depuis 52 ans – exception faite des locales de juin 90 et des législatives de décembre 91, remportées sur une déferlante par le FIS de qui vous savez-, il peinait derrière une jubilation longuement retenue. C’est pourquoi, sans surprises, j’ai regardé ses rictus dans une profonde et sincère allégresse. Comme le jour du scrutin, tandis que je faisais le tour de nombreux centres de vote, j’ai pu apprécier le travail réalisé par l’administration qui se confond avec les élus. Partout, d’anciens camarades, de nombreux anciens élèves avec qui je garde d’excellents souvenirs et un grand respect, n’ont pas hésité à me confier leurs états d’âmes. J’ai fortement apprécié leur bravoure face à la déferlante. C’est pour moi une très grande satisfaction que de constater que mon enseignement n’a pas été vain, puisque la dignité aura encore une fois triomphé de la malice. Ils étaient très fiers de dire avec force détails, qu’ils ont résisté à toutes les pressions et à toutes les tentations. Surtout qu’à Mostaganem, le candidat Bouteflika n’avait vraiment pas besoin des fraudeurs, ici plus qu’à Nedroma, il est adulé par les votants. Ce qui fera dire à ce jeune fonctionnaire que de toutes les façons il était largement en tête, bien loin devant Benflis et à des milliers de lieues de Louisa, de Fawzy et de Touati ; j’épargne Belaïd, parce que Chaoui de souche ! C’est ainsi que dimanche matin, soit une semaine après la fin des vacances de printemps, j’appréhendais ce retour, mais sans forcer, car je savais que Mosta avait élu Bouteflika et quitte à en choquer quelques uns, ça ne m’a jamais effrayé, bien au contraire. Car le concernant, je n’ai pas dévié de ma première posture, celle de septembre 98, lorsqu’il avait  été adoubé par l’armée pour reprendre du service et sauver quelques têtes que des esprits mal intentionnés voulaient expédier vers je ne sais quel juge international.  Rasé de frais, l’œil pétillant, l’écharpe autour du cou, je m’empresse de rejoindre l’esplanade de l’ITA. Manifestement j’étais attendu, puisque sitôt le pied gauche à terre, j’aperçois un forestier avec une pile de journaux sous le bras. Les deux bises expédiées, l’attaque fuse comme une sarbacane indigène. C’est d’abord El Watan qui en prend pour son compte. Je n’y suis que correspondant et n’ai aucune influence sur sa ligne éditoriale, mais ça n’a aucun effet sur mon collègue qui continue à frapper avec des mots d’une rare violence. Lui parle dune défaite pour les intellectuels, moi je réplique que rares sont les universitaires qui peuvent prétendre à ce titre. Puis c’est ma personne qu’il pointe de ses flèches sans reculs au point qu’un authentique ancien champion de natation – avec participation aux  JO de Moscou en 1980- de surcroit Tlemcenéen de souche, intervient pour atténuer la violente attaque de son voisin.  La discussion s’emballe et d’autres collègues nous rejoignent. C’est alors que je lance un défi à mon inquisiteur sous la forme d’un sondage « on live ». J’invite le groupe à exhiber l’index et nous faisons le compte. Le résulta est implacable ! Sur les 5 enseignants, un seul était allé voter, l’encre indélébile faisant foi ! Soit 80% de non votants, donc une écrasante majorité à laquelle je suis fier d’appartenir. Le sondage sera ensuite proposé à nos étudiants et  chaque fois qu'un groupe se formait, je leur demandais d’exhiber l’index afin que de compter le nombre de votants...Nous avons passé la matinée de dimanche à jouer aux sondeurs. Ainsi, sur la  trentaine d'étudiants tous cycles confondus, pas un seul n'avait d'encre indélébile sur l'index... c'est pas très sérieux de contredire son ministre de l'intérieur, mais à l'université, sans jeu de mots, les votants se comptaient sur le doigt, l'index en l’occurrence, d'une seule main...ce qui fera dire à Saïd M., originaire, je sais ça ne se voit pas, mais originaire de Béni Amrane tout de même...dans la Kabylie de Boumerdès...là où en juin 2002, un tremblement de terre a laissé des traces indélébiles...comme l'encre par laquelle le système vient de consacrer Bouteflika 4...


Le problème est très lourd de conséquences, car du coup, le petit fanfaron qui était venus me taquiner dès les premiers souffles de « Chergui »,- ce vent qui froisse la peau des baigneurs-, lui,  ainsi que ces fiers à bras d'un jour, qui ont même zappé les ablutions à l’eau afin de préserver l'appartenance à la tribu des votants... ont en eut pour leur grade...à chaque regroupement, les abstentionnistes étaient très largement majoritaires. Soit un score inversement proportionnel à celui annoncé par les très officiel Tayeb Belaïz...très vite le «montrage» de doigt s'est généralisé, tant et si bien que le lendemain, nombreux étaient les rares votants à avoir eut recours à tous les subterfuges pour rejoindre la majorité....silencieuse mais pas pour longtemps...un étudiant de Laghouat, très porté sur le caritatif a eut cette réflexion: il faut s'attendre à ce que l'importateur de l'encre qui confond, soit la première victime de Boutef4...on a pas idée d'importer une encre d'une si bonne qualité...goguenard, il ajouta que si Benflis avait été futé, il aurait seulement demandé aux 11 millions de votants de montrer leur doigt et de se compter...Car s’il est vrai que la victoire de Bouteflika était actée à partir du moment où  il s’était résolu à se présenter, elle n’aura pas atteint le score singulier qui a été annoncé. C’est ce qui explique en grande partie ma sérénité renouvelée, surtout lorsqu’elle sera confortée par les valeureux étudiants qui sont venus grossir les rangs des partisans du boycott. Pour une fois que nous avons la majorité, ne faisons pas la fine bouche. En attendant, il va falloir que le ministre du commerce aille voir de plus prêt ces conteneurs d’encre de Chine…cette traitresse venue de si loin …ça lui apprendra à s’égarer. Ca fait penser à cette subtile recommandation de notre cher Prophète Mohammed « Outloubou El 3ilma oua law fi Essine » «  Allez chercher la science jusqu’en Chine »…lui n’a jamais parlé d’encre ; ce qui aurait donné «outlouba El hibra oua law fi Essine» ! Enfin, pour une fois qu’un produit ramené de Chine qui ne soit ni contrefait ni frelaté, franchement il y a de quoi jubiler en rangs serrés!

La Fraude par l’encre




Je viens de lire sur le compte FB de Amira Bouraoui ( Leila Nine), le post intitulé « Témoignage du Ministère de l'Intérieur » dans lequel il apparaît que le taux de participation au scrutin du 17 avril dernier n’aurait jamais dépassé les 29%. Ce chiffre aura fait sursauter plus d’un internaute, amenant certains à exiger la publication des sources qui, au niveau du ministère de l’intérieur, « ont indiqué aux Envoyés Spéciaux Algériens que le taux réel de participation n'a jamais dépassé les 29 % ». Nombreux sont les internautes, doutant de la véracité de ses chiffes, ont demandé à Amira Bouraoui de citer ses sources. Sachant que même un juge – sauf lorsqu’il s’agit d’une info à caractère sécuritaire ou touchant à l’intérêt national- ne peut demander à un journaliste de décliner ses sources! Cependant, ayant personnellement été en charge durant 3 années (de 95 à 97) du plus grand centre de vote de Mostaganem, je puis aujourd’hui apporter mon témoignage afin d’éclairer les citoyens. Ensuite, la pratique du journalisme de proximité m’a également permis d’étoffer un réseau de correspondants à travers la région de Mostaganem, ce qui m’a permis à chaque fois de livrer aux lecteurs d’El Watan les chiffres réels de toutes les élections que j’ai couvert de 2002 à 2012. En ce qui concerne la présidentielles du 17 avril dernier, je n’ai pas publié d’articles pour des raisons privées, ce qui ne m’a pas empêché de faire une couverture afin d’avoir le cœur net…évidement j’ai pris quelques photos pour preuve et je les gardes précieusement, ceux qui connaissent ma passion pour l’image savent que je ne cède à aucune sollicitation…mais sait-on jamais ! Il peut y avoir quelque exception…donc voici un témoignage sur les véritables chiffres de l’élection présidentielles, je tiens à vous rassurer, le président élu les connaît parfaitement, car ce sont les usages et vous allez savoir pourquoi !
centre de vote à S'hamdia (à  15h09)
C’est d’une simplicité accablante ! Car dans l'ensemble des centres de vote, il y au moins un officier de police présent, cet agent est chargé de transmettre heure par heure à sa hiérarchie l'état du déroulement du scrutin...je témoigne qu'en ma qualité d’ancien chef de centre, j'ai toujours remis scrupuleusement les statistiques à cet officier assermenté qui les a transmises intégralement et sans rien y changer à sa hiérarchie....et cela durant toute la durée du scrutin. On sait que dans les pays occidentaux, comme la France, les meilleures sources des journaux sont les agents des RG...ceux qui connaissent les rouages de cette administration napoléonienne savent de quoi je parle...donc les sources existent et les véritables chiffres existent, il suffit juste d'aller frapper à la bonne porte et au bon moment, maintenant il faut aussi parvenir à établir un climat de confiance...toutes les fuites sur les grosses affaires permettent à ceux qui les mènent d'avoir un minimum de protection...sinon gare aux représailles...il existe différents moyens de connaitre l'information et surtout de la vérifier...moi je me pointe dans plusieurs bureaux de vote et connaissant parfaitement les habitudes de la population, je fais des extrapolations...je précise que j'ai dirigé le centre le plus chargé de Mostaganem, à Tigditt...et donc les files d'attentes ça me connait...cette fois-ci, j'ai fait des centres de votes ruraux, là où les gens votent en force...mes observations recoupent en grande partie les chiffres rapportés...j'ai aussi noté qu'en rase campagne, je n'ai pas vu de représentants d'Ali Benflis...même ceux de Bouteflika n'étaient pas aussi nombreux que ça! Comprenne qui pourra, mais les chiffres retirés du ministère de l'intérieur sont très fiables à mon avis...et pour ne pas froisser les froissables, j'ajouterais que dans le pays, il existe encore bcp de patriotes qui tout en étant fonctionnaires, gardent le sens du bien public et de l'honneur...j'ai le privilège d'en fréquenter bcp...dans les deux genres et à tout les niveaux...s'ils se reconnaissent, je les salue bien bas...Pour ceux qui suivent mon compte FB, ils savent que j’ai donné le chiffre de 13 millions d’algériens qui se sont payé une partie de pêche le 17 avril dernier. Pour un corps électoral de 22 millions, 29% donnent 6,38 millions de votants…hier matin, dans l’enceinte de l’université, je me suis amusé à vérifier grâce à l’encre indélébile sur l’index des votants…et à chaque fois, les abstentionnistes raflaient la mise à 75%...ce qui m’a fait dire que la seule chose d’authentique dans cette élection c’est la qualité de l’encre…elle a résisté à la fraude…il est encore temps de faire le test par vous-même ! Par acquis de conscience…et Allah reconnaitra les siens !
Aziz Mouats

Voici par ailleurs, dans son intégralité, le post de Leila Nine
Témoignage du Ministère de l'Intérieur 
Le taux réel de la participation à l'élection présidentielle n'a guère dépassé les 29 % et de nombreux observateurs dans les bureaux de vote ont touché des pots-de-vin allant de 5 à 20 millions de centimes Des sources au sein du ministère de l'Intérieur ont indiqué aux Envoyés Spéciaux Algériens que le taux réel de participation n'a jamais dépassé les 29 %. Il a été gonflé sur ordre de la Présidence de la République qui voulait donner à ce scrutin une dimension démocratique sans fondement. En plus, plusieurs sources sécuritaires nous ont appris que la fraude a pu opérer grâce à des pots-de-vin distribués au profit des observateurs des autres candidats mobilisés dans les bureaux de vote. Ainsi, a-t-on appris, des dizaines et dizaines d'observateurs pro-Benflis ont trahi leur candidat dés l'après-midi du jour du scrutin en acceptant des pots-de-vin qui varient entre 5 et 20 millions de centimes. "Allez-y aux toilettes", leur a-t-on demandé avant que les opérations de bourrages d'urnes ne commencent réellement. D'autre part, nos sources persistent que le camp Bouteflika a imprimé au moins 4 millions de bulletins à l'effigie de son candidat pour les utiliser le jour du vote et remplir les urnes. C'est dans ces conditions que le score de 81 % a été arraché pour Bouteflika. Mais, comme nous le savons tous, les Algériens ne sont pas dupes ».  
(lien : https://www.facebook.com/leila.nine?fref=nf):

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