mercredi 5 août 2015

Le pragmatisme n'a jamais tué personne

Lettre à Ahmed Cheniki



Sur sa page facebook, l’homme de culture et néanmoins redoutable universitaire, mon ami Ahmed Cheniki vient de faire connaitre sa décision de ne pas participer à quelque titre que ce soit au « Festival du Cinéma Méditerranéen » d’Annaba que l’actuel ministre de la culture, le poète, romancier et scénariste Azzedine Mihoubi vient de réhabiliter.  Cette réaction à chaud d’Ahmed Cheniki traduit en apparence un refus catégorique que de nombreux intervenants ont vite fait de transformer en une fin de non recevoir ; certains n’hésitant pas  à applaudir des deux mains. Cette posture jusqu’au-boutiste n’est pas nouvelle chez l’intelligentsia nationale ou ce qu’il en reste. Pourtant, à bien lire sa missive, Ahmed Cheniki ne ferme pas la porte puisqu’il souligne qu’il ne peut « accepter de faire partie d'une équipe de festival de cinéma alors qu'il n'y a plus de salles de cinéma, ni de structures de cinéma! Non, soyons sérieux. JE NE SUIS PAS DEMANDEUR. »
Bien au contraire, il apparait en filigrane que le fils du massif de Collo n’a pas perdu le nord, puisqu’il fait déjà un état des lieux, appelant subséquemment au changement. Et c’est dans cette brèche que d’aucuns ont feint d’ignorer que j’en appelle à la sagesse de tous pour que ce festival renaisse de ses cendres et pour qu’il soit mis à profit pour permettre au cinéphiles, aux cinéastes et à toutes les corporations de la sphère culturelle nationale de s’engager afin d’impulser un renouveau salvateur à toute l’activité culturelle. D’où cet appel à Ahmed Cheniki :
Mon cher Colliote des jours anciens,  cher Ahmed Cheniki
 Je ne suis pas du tout étonné par ton attitude toute en réserve ; d'autant que tu as toujours été de tous les combats pour une culture nationale authentique. Je voudrais te dire qu'il se trouve que les intellectuels de ton calibre - qui ne sont pas légions, loin s'en faut- devraient parfois faire attention à la direction du vent ; qu’être vigilant est une très bonne posture, mais parfois elle ne sert aucune cause...voire l'inverse!
Tu as été de toutes les batailles et il est normal que tu cultives plus que d'autres l'esprit critique. Cependant, ne serait-il pas venu le temps de tordre le cou à ces vieilles postures et de démontrer au moins pour une fois que l'intelligentsia peut aussi produire du pragmatisme ? Car il y a là une opportunité d'être enfin admis à monter sur le pont et à donner de la voie...sans "x"...mettre le pied à l'étrier et guider la monture vers des territoires plus cléments...car très souvent il nous est reproché de ne pas nous impliquer autrement que par la critique, alors que toi en ta qualité d'universitaire, producteurs d'idée et parfois guide des consciences et surtout redresseurs des mauvaises consciences...tu sois amené à servir d'éclaireur et de maitre de cérémonie...
A mon humble avis, si le temps de participer à une action fut-elle anodine, était enfin parvenu, il me semble que la sagesse voudrait que tu sois de la partie...et que tu te démontres à toi avant de le faire pour les autres, que ce qui te motive ça n'est pas la première place "assise" du premier rang, mais bien la place du commandeur...celui qui imprime la cadence et qui aide à faire avancer les choses dans la direction qu'il crois être la bonne...
Ce festival du cinéma méditerranéen qui va renaitre de ses cendres est à mon sens une opportunité pour faire en sorte que déjà les salles d'Annaba soient enfin réhabilitées...quant au cinéma "national" celui fait par des Algériens, il suffit de regarder ce qui est disponible par la grâce de jeunes talents combien même éclos ailleurs mais talents algériens à part entière...pour se dire que finalement, ça n'est pas encore la panacée, mais ça n'est pas le désert des tartares non plus...
Désolé de ne pas partager le pessimisme ambiant, je suis convaincu que toi, Ahmed Cheniki tu es capable d'imprimer une autre dynamique et qu'il faut t'encourager à passer à l'acte...si ça ne marche pas, tu pourras alors venir dénoncer les incohérences...
A quoi ça sert d’être toujours dans cette posture alors que le pays va à la dérive? Quand est-ce que les intellectuels vont cesser de produire que de la critique? Il est temps d'investir les espaces et d'en déloger la médiocrité...comme le souligne mon ami Rabah Toubal, n’est-pas « la démission ou le renoncement des intellectuels à faire face à la médiocrité, qui ont permis à cette dernière de gagner beaucoup d'espace ».

Amicalement Aziz Mouats

PS: si c'est toi qui préside le jury,  je me ferais un honneur de venir participer aux débats et surtout aux projections...

dimanche 2 août 2015

Ces vaches de France bouffeuses de dinars

La crise qui sévit dans la filière bovine française serait en phase d’extinction. Je vois déjà la jubilation dans les fermes de Bretagne et de Normandie. Mais qu’en sera-t-il des élevages algériens ? A l’évidence, nos éleveurs seront les premiers à subir  un choc qui risque de les réduire pour longtemps. Dans une dépêche publiée par la presse électronique, on apprend que les surplus de l’élevage français seraient en voie d’être transférés sur le marché algérien, à des prix soutenus. En effet, sur le site TSA (http://www.tsa-algerie.com/20150801/lalgerie-a-la-rescousse-de-la-filiere-bovine-francaise/) on peut lire ceci :

Des carcasses de viande pour l’Algérie
Les acteurs du secteur en France et des opérateurs économiques algériens veulent lancer un projet de partenariat de « plusieurs milliards de dinars » entre les intervenants algériens et français. Le tout serait réalisé dans des zones « franches », dites sous-douane, afin de bénéficier d’exemption de droits de douanes et de TVA. Cela permettrait à l’Algérie d’être compétitive à l’export et de profiter pleinement de ces avantages comparatifs (proximité géographique, faible coût de l’énergie et de la main d’œuvre), selon la même source.

Où est la stratégie? Où est la vision à long terme? l'Algérie qui sert de déversoir tout juste pour sauver l'élevage Français...c'est un peu du néocolonialisme à l'envers...et à revers...alors que les gros investissements français se font exclusivement au Maroc et un peu en Tunisie...l'Algérie qui vient d'annoncer la mise en exploitation de deux gisements de pétrole/gaz non loin de Hassi Messaoud, alors que le pétrole est au plus bas...va au secours de la filière bovine Française...comme si acheter de la viande à prix soutenu - par la PAC?- était une opération normale alors que les élevages de viande blanche - dans la filière avicole- sont au plus mal avec les couts des matières premières - mais et tourteau de soja- et des produits vétérinaires et autres CMV...cette concurrence déloyale ne met-elle pas la production nationale que nous avons mis 3 décennies à mettre en place et à maitriser, dans une impasse qui risque d'entraver son maintien sur le marché indigène?
N'avons-nous pas acheté des plaquettes d’œufs (30) à moins de 170 Da? ...annoncer cette opération en pleine rentrée sociale, à un moment où les élevages sont au plus mal, avec des chaleurs caniculaires et des baisses de performances dramatiques n'est-ce pas pousser de nombreux acteurs à fermer boutique?...et qu'en pensent les nouveaux responsables de l'agriculture? Et pourquoi la filière lait ne profitait-elle pas des difficultés actuelles de l’élevage hexagonal pour importer de la poudre de lait dont les stocks encombrent les magasins sous froid de France et de Navarre? et pourquoi donc ne pas revenir à la bonne formule jadis brandie par des fossoyeurs pour imposer l'importation de poulet Français élevés au Brésil par le Français Doux? ...non! cette affaire est trop complexe pour être confiée à la CACI France et au FCE...il serait plus sage d'en discuter très calmement au niveau des filières concernées...et de prendre définitivement en compte d'abord les intérêts des opérateurs publics et privés nationaux...rejoignant ainsi les idées esquissées par le ministre Abdeslam Bouchouareb qui en appelle à un changement radical de stratégie et à un renversement total de tendance...
 Car dans cette juteuse affaire, on a la nette impression que le pays est gouverné par deux équipes, l'une visible et parfois bruyante, c'est le gouvernement, et l'autre invisible et souvent efficace, ce sont les affairistes qui gèrent pour leur compte les dizaines de milliards consacrés aux importations...payées sur le trésor public…
Ferme pilote de Rahouia, wilaya de Tiaret...
Plus curieux encore ce passage de l’article où il est souligné sans remords que «  L’Algérie serait compétitive à l’export » ??? En important des carcasses de France, nous serions devenus compétitifs à l’export…balivernes ! Moi je retourne à l’école du commerce d’Alger…quelle beau pays cette Algérie…surtout vu de France…toujours prête à tendre la main et à ouvrir son porte monnaie…et si on renversait la tendance et que cet argent allait plutôt renforcer les capacités de recherche et de productions nationales ? Non ? ah c’est trop compliqué ? Mille excuses je n’avais pas lu que ces importations allaient couter "quelques milliards de Dinars" Algériens … parce que l’éleveur Breton ou Savoyard il connait le dinar algérien ? Si c’est comme ça moi je veux bien que la planche à billets devienne  une planche de salut…pour l’élevage Français…

20 Aout 55, les blessures sont encore béantes

  Propos sur le 20 Aout 1955 à Philippeville/Skikda  Tout a commencé par une publication de Fadhela Morsly, dont le père était à l’époqu...